Somalie. Le journaliste capturé par Al Shabab doit être libéré

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

23 février 2010 - ÉFAI

Amnesty International demande la libération immédiate d’un journaliste de radio somalien qui a été capturé par le groupe armé Al Shabab, à la suite, semble-t-il, de la diffusion d’un reportage indiquant que ce groupe avait tué un homme dans le district de Wanleweyn.

Ali Yusuf Adan, 47 ans, correspondant de Radio Somaliweyn, est actuellement détenu par le groupe armé dans la ville portuaire de Merka, dans le sud de la Somalie.

« Amnesty International est inquiète pour la sécurité d’Ali Yusuf Adan, Al Shabab ayant commis de nombreuses atteintes aux droits humains à l’encontre de civils, notamment des journalistes. Ce groupe doit le remettre en liberté immédiatement et sans porter atteinte à son intégrité physique, cesser de menacer les journalistes et respecter le droit de tous les Somaliens à la liberté d’expression », a déclaré Erwin van der Borght, directeur du Programme Afrique d’Amnesty International.

Ali Yusuf Adan a été capturé le 21 février à Wanleweyn. Située au nord-ouest de la capitale, Mogadiscio, cette ville est sous le contrôle d’Al Shabab.

Le groupe armé a indiqué que le journaliste était détenu parce qu’il avait commis une « erreur ».

Ces derniers mois, Al Shabab a imposé des restrictions draconiennes aux journalistes dans le but de limiter la diffusion des informations dans les zones sous son contrôle.

Le groupe a contraint des stations de radio à fermer leurs portes, interdit la diffusion de reportages mentionnant le gouvernement somalien et fait des déclarations destinées à intimider les journalistes.

De nombreux journalistes qui ont fui la Somalie ont déclaré à Amnesty International qu’ils avaient quitté le pays après avoir été menacés de mort par des personnes disant appartenir à Al Shabab.

En 2009, neuf journalistes ont été tués en Somalie ; au moins trois d’entre eux l’ont été intentionnellement.

Deux directeurs de radios, Said Tahlil Ahmed et Mukhtar Hirabe, ont été tués en 2009 sur le marché de Bakara, un quartier de Mogadiscio contrôlé par la milice Al Shabab.

Bien que les porte-parole d’Al Shabab aient nié toute implication dans ces homicides, ses dirigeants n’ont pas condamné publiquement les attaques contre les médias, ni interdit aux miliciens de prendre les journalistes pour cible.

Contexte

Al Shabab contrôle actuellement de vastes zones du sud et du centre de la Somalie, notamment des grandes villes telles que Merka, Kismayo et Baidoa, ainsi que des quartiers de Mogadiscio.

Le gouvernement fédéral de transition de la Somalie, soutenu par la communauté internationale, n’exerce son autorité que sur une partie de la capitale, est régulièrement attaqué par Al Shabab et par d’autres groupes armés, et n’a pas réussi à établir un système judiciaire national.

Les groupes armés de la mouvance Al Shabab sont issus de l’Union des tribunaux islamiques, un mouvement qui avait pris le contrôle de Mogadiscio et d’autres zones en 2006.

L’Union des tribunaux islamiques a été militairement défaite par les troupes éthiopiennes qui sont intervenues en Somalie à la fin de l’année 2006 pour soutenir le gouvernement fédéral de transition.

Après la nomination de Sheikh Sharif Sheikh Ahmed, ancien dirigeant de l’Union des tribunaux islamiques, à la présidence du gouvernement fédéral de transition en janvier 2009 et le retrait de Somalie des troupes éthiopiennes, Al Shabab et d’autres groupes armés ont continué à lutter contre le gouvernement, affirmant qu’il était allié aux nations occidentales.

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