Communiqué de presse

Somalie. Les attaques visant des journalistes doivent cesser

L’homicide d’un troisième journaliste en à peine deux mois à Mogadiscio rappelle de manière brutale les dangers auxquels sont confrontés les professionnels des médias et les militants dans la capitale somalienne, a déclaré Amnesty International mercredi 29 février.

Abukar Hasan Mohamud Kadaf, ancien directeur de la radio privée Somaliweyn, a été abattu par des inconnus mardi 28 février au soir devant son domicile du quartier de Wadajir, à Mogadiscio. Il a été inhumé mercredi dans la capitale.

Il travaillait semble-t-il avec une organisation de jeunesse œuvrant pour la paix, depuis que radio Somaliweyn avait fait l’objet de raids et d’une fermeture par le groupe armé al Shabab en mai 2010.

Il est le troisième journaliste à être tué lors d’une agression ciblée au cours des deux derniers mois à Mogadiscio, bien que cette ville soit désormais sous le contrôle du gouvernement fédéral de transition et des forces de l’Union africaine.

« La sécurité ne sera pas rétablie dans les zones se trouvant sous le contrôle du gouvernement tant que les responsables des agressions visant professionnels des médias et militants ne rendront pas de comptes », a expliqué Michelle Kagari, directrice adjointe du programme Afrique d’Amnesty International.

« Tout doit être fait pour empêcher le retour des homicides ciblés d’acteurs de la société civile. Cela implique de mener des enquêtes approfondies sur les meurtres, de veiller à ce que les responsables présumés soient déférés à la justice et jugés dans le respect des normes d’équité des procès, et de rétablir l’état de droit. »

Bien que les journalistes et les acteurs de la société civile soient constamment en danger en Somalie, les agressions les visant spécifiquement ont atteint leur niveau le plus élevé en 2007 et 2008.

Lors de la conférence internationale sur la Somalie qui s’est tenue à Londres le 23 février, la communauté internationale a mis en avant la nécessité pour les journalistes de pouvoir mener leurs activités librement et sans crainte. Elle a demandé que des mesures soient prises pour en finir avec les violations des droits humains et s’est engagée à soutenir davantage la justice somalienne et le secteur de la sécurité.

« La communauté internationale doit désormais traduire ces paroles en actes et redoubler d’efforts afin d’aider à rétablir l’état de droit en Somalie. Il est essentiel que les acteurs de la société civile somalienne, qui continuent à risquer leur vie, soient pleinement consultés sur la manière d’améliorer leur protection », a conclu Michelle Kagari.

Complément d’information

Au moins 25 journalistes ont été tués en Somalie depuis 2007 et beaucoup d’autres ont été blessés.

Des hommes non identifiés ont fait feu sur Hassan Osman Abdi, directeur de Shabelle Media Network, devant le domicile de celui-ci, dans le quartier de Wadajir en janvier 2012 ; il a succombé à ses blessures.

Le 18 décembre 2011, Abdisalan Sheik Hassan, journaliste indépendant pour la chaîne de télévision du câble Horn et la radio Hamar, a été abattu d’une balle dans la tête par un homme en uniforme de l’armée gouvernementale dans le quartier de Hamar Jajab, à Mogadiscio. Il est mort peu de temps après.

Si le gouvernement fédéral de transition a ouvert des enquêtes sur ces homicides et aurait arrêté des suspects, cela n’a pas débouché sur des poursuites.

L’année 2008 a été marquée par une vague d’attaques visant des acteurs de la société civile : au moins 40 militants somaliens en faveur des droits humains ont été tués entre janvier et septembre cette année-là, la plupart dans le cadre d’agressions ciblées. Ces violences ont incité de nombreux militants à fuir le pays.

Personne n’a été traduit en justice pour ces actes. Toutes les parties au conflit ont menacé et agressé des journalistes et des acteurs de la société civile, et restreint la liberté d’expression.

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