Soudan : La communauté internationale doit imposer des sanctions aux autorités de transition

Amnesty International a appelé le 3 juin la communauté internationale à envisager toutes les formes de pression pacifique, y compris des sanctions ciblées, à l’encontre des représentants des autorités soudanaises de transition responsables de la violente attaque menée au petit matin contre des manifestants qui dormaient.

L’organisation a également demandé qu’il soit immédiatement mis fin aux violentes attaques menées par les Forces de soutien rapide et d’autres forces de sécurité contre des manifestants, et que les responsables de ces attaques, qui ont fait au moins 13 morts, répondent de leurs actes.

Vers 4 h 30 le 3 juin, des forces armées placées sous le commandement du Conseil militaire de transition (CMT) ont attaqué des manifestants pacifiques dans l’État de Khartoum, en tirant à balles réelles, en lançant des grenades lacrymogènes, en mettant le feu aux tentes et en frappant les manifestants.

« Un grand nombre des personnes qui ont été attaquées ce matin étaient en train de dormir quand les Forces de soutien rapide et d’autres forces de sécurité soudanaises ont commencé à se livrer à un déchaînement de violence meurtrière. Avec ce massacre insensé, le CMT a totalement détruit la confiance que le peuple soudanais pouvait avoir placée en lui, et anéanti l’espoir de la population en une nouvelle ère de respect des droits humains et notamment du droit de manifester sans crainte, a déclaré Sarah Jackson, directrice adjointe pour la région de l’Afrique de l’Est, de la Corne de l’Afrique et des Grands Lacs à Amnesty International.

« Le Conseil de sécurité des Nations unies devrait immédiatement faire pression sur les autorités militaires de transition pour qu’elles mettent fin aux attaques contre des manifestants pacifiques, et envisager d’imposer des sanctions ciblées aux membres du CMT et aux autres personnes impliqués dans cette attaque.

«  Le massacre qui a eu lieu aujourd’hui montre que les autorités de transition n’ont absolument pas tourné la page en ce qui concerne l’épouvantable bilan du Soudan en matière de droits humains ; la communauté internationale doit donc immédiatement prendre des mesures pour faire comprendre que de tels agissements sont intolérables.  »

«  La population soudanaise a subi pendant plusieurs décennies le régime répressif d’Omar el Béchir, et quand il a été chassé du pouvoir, cela aurait dû marquer le début d’une nouvelle ère de respect des droits humains. Le massacre qui a eu lieu aujourd’hui montre que les autorités de transition n’ont absolument pas tourné la page en ce qui concerne l’épouvantable bilan du Soudan en matière de droits humains ; la communauté internationale doit donc immédiatement prendre des mesures pour faire comprendre que de tels agissements sont intolérables.  »

Amnesty International demande également au Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine d’organiser une réunion d’urgence sur la situation dans le pays, et de veiller au respect des droits humains et notamment du droit de manifester pacifiquement.

On dénombre actuellement 13 morts, mais ce bilan s’alourdit au fur et à mesure que des victimes succombent à leurs blessures. Plus de 100 personnes reçoivent des soins pour divers types de blessures, selon le Comité central des médecins soudanais. Amnesty International a reçu des informations signalant que les forces de sécurité ont attaqué au moins deux hôpitaux – l’hôpital Almoalim et l’hôpital Royal Care – situés à proximité de l’endroit où a été organisé le sit-in, à Khartoum, pour retrouver les blessés.

Complément d’information

Vers trois heures du matin heure locale, l’Association des professionnels soudanais (APS), qui était à la tête de l’organisation des manifestations depuis décembre 2018, a averti de l’imminence d’une attaque lancée par les forces de sécurité pour disperser le sit-in devant le quartier général de l’armée à Khartoum ; des manifestants se tenaient à cet endroit depuis le 9 avril.

Vers 4 h 30, une centaine de véhicules militaires, dépourvus de plaques d’immatriculation et transportant des armes lourdes et plusieurs centaines de soldats, se sont positionnés en face de la zone du sit-in. En l’espace de 30 minutes, les Forces de soutien rapide et d’autres forces de sécurité ont attaqué les manifestants endormis en tirant à balles réelles, en lançant des grenades lacrymogènes, en mettant le feu aux tentes et en les frappant violemment.

Le 30 mai, le CMT a diffusé une déclaration indiquant que le sit-in de protestation avait été infiltré par des « éléments incontrôlables » et qu’il était devenu une zone de délinquance et une menace pour les manifestants. Le même jour, le CMT a écrit aux missions diplomatiques pour leur demander de se tenir éloignées du site de la manifestation.

Dans une interview accordée à Sky News le 3 juin, le porte-parole du CMT, le lieutenant-général Shams al Din Kabashi, a confirmé que les forces de sécurité avaient attaqué « des saboteurs » dans le secteur de Colombia, sur Nile Street, mais nié une attaque dans la zone du sit-in.

À Port-Soudan, à Gadarif et à Sinja, les manifestants ont aussi été attaqués par des agents des forces de sécurité, selon Nazim Seraj, un responsable d’un comité civil chargé des soins aux blessés. Les forces de sécurité ont également frappé des manifestants, et volé leurs téléphones et leur argent avant de les relâcher.

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