Communiqué de presse

Soudan du Sud. Le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine entrave la justice

Le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine (UA) n’a pas publié le rapport de la Commission d’enquête sur le Soudan du Sud, et déçu ainsi les milliers de victimes sud-soudanaises en attente de vérité et de justice, a déclaré Amnesty International vendredi 30 janvier.

Olusegun Obasanjo, ancien président du Nigeria et président de la Commission d’enquête, devait présenter jeudi 29 au soir au Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA. Or – et un tel geste est choquant pour celles et ceux qui se sont engagés dans la voie de la reddition de comptes –, le Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, a déposé une motion visant à « reporter » la présentation et l’examen du rapport en attendant la finalisation d’un accord de paix. Les présidents Jacob Zuma (Afrique du Sud) et Yoweri Museveni (Ouganda) ont soutenu cette motion.

« Le plus scandaleux est que le Conseil a mis de côté le rapport pour une durée indéfinie, avant même que ses membres en aient reçu un exemplaire ou entendu les commentaires de M. Obasanjo », a déclaré Netsanet Belay, directeur des recherches et du plaidoyer pour l’Afrique chez Amnesty International. « L’UA semble avoir oublié que l’un de ses principes fondateurs est la condamnation et le rejet de l’impunité. »

Au cours de l’année écoulée, toutes les parties au conflit dans le Soudan du Sud ont commis des crimes au regard du droit international, y compris des agressions contre des civils, souvent en raison de leur origine ethnique ou de leur tendance politique, réelle ou supposée ; des violences sexuelles ; des destructions et des pillages de grande ampleur visant des biens civils.

L’UA a mis en place la Commission d’enquête en mars 2014. Cette commission était chargée d’enquêter sur les atteintes aux droits humains commis par les parties au conflit, et d’émettre des recommandations sur la reddition de comptes, la réconciliation et l’apaisement au Soudan du Sud.

« Les conclusions de la Commission et ses recommandations pourraient constituer une étape cruciale vers la fin de l’impunité qui continue d’alimenter le conflit », a déclaré Netsanet Belay.

Les membres de la Commission et ses enquêteurs ont effectué plusieurs visites au Soudan du Sud et ont également rencontré des Sud-Soudanais vivant en dehors du pays.

Mercredi 28 janvier, vingt et une organisations de la société civile sud-soudanaise ont envoyé une pétition au Conseil pour demander la publication immédiate du rapport.

« La non-publication du rapport est une véritable gifle pour les centaines de Sud-Soudanais qui ont pris du temps, et parfois des risques, pour témoigner auprès des membres de la Commission d’enquête », a déclaré Netsanet Belay.

Le gouvernement du Soudan du Sud et le Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan en opposition (SPLM/A-IO) ont signé une cessation des hostilités il y a plus d’un an. Malgré cela, les combats ont continué.

Les négociations, conduites par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), n’ont pas abouti à un accord de paix. Le Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, qui a déposé la motion visant à « reporter » la présentation du rapport de la Commission d’enquête, est actuellement président de l’IGAD.

Hier, dans un communiqué de presse, le SPLM/A-IO a redemandé que le rapport soit publié.

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