« Amnesty International se félicite que cette session spéciale sur le Soudan ait lieu et exhorte le Conseil à s’efforcer de résoudre cette crise d’une manière qui réponde aux besoins actuels et urgents de la population soudanaise, a déclaré Tigere Chagutah, directeur régional pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International.
« Nous réitérons l’appel [1] que nous avons lancé, aux côtés de plus de 90 autres organisations, en faveur de l’établissement par les membres du Conseil d’un mécanisme d’enquête chargé de suivre, recueillir et préserver les éléments de preuve, et de signaler les atteintes graves aux droits humains et au droit humanitaire qui ont été commises et continuent à l’être, dans le cadre de ce conflit. Le mécanisme d’enquête doit pouvoir identifier les responsables présumés et émettre des recommandations afin de garantir l’obligation de rendre des comptes, la justice et des réparations pour les victimes.
« L’ampleur et la gravité de cette crise requièrent la création d’un mécanisme capable de consacrer des ressources accrues et dédiées à ces tâches en ce moment crucial. Il viendrait en complément de mécanismes existants des Nations unies, notamment la Mission intégrée des Nations unies pour l’assistance à la transition au Soudan, le Haut-commissariat aux droits de l’homme des Nations unies, et l’expert désigné par le Conseil des droits de l’homme sur la situation des droits de l’homme au Soudan.
« Nous exhortons tous les membres du Conseil, y compris le Soudan, à soutenir un mécanisme de ce type pour qu’il puisse adopter toutes les mesures possibles afin de promouvoir et protéger les droits fondamentaux des personnes directement affectées par cette crise.
Les partenaires régionaux du Soudan et la communauté internationale doivent agir sans délai pour soutenir le peuple soudanais. »
Complément d’information
Cette session spéciale du Conseil des droits de l’homme sur le Soudan a été convoquée après qu’une demande officielle en ce sens a été déposée conjointement le 5 mai par le Royaume-Uni, la Norvège, les États-Unis et l’Allemagne. Au moins 52 États membres du Conseil ont jusqu’à présent exprimé leur soutien à l’organisation de cette session spéciale.
Le 15 avril, des affrontements ont éclaté à Khartoum, la capitale du Soudan, entre les Forces armées du Soudan, l’armée nationale et les Forces d’appui rapide – une force paramilitaire. Le conflit s’est depuis lors étendu à travers le pays. Il fait suite à des semaines de tensions croissantes entre les forces armées et les Forces d’appui rapide durant les négociations relatives à un nouveau gouvernement de transition et la réforme des forces de sécurité.
Les parties au conflit continuent à recourir à des armements lourds, notamment de l’artillerie et des tanks, ainsi qu’à des bombardements aériens, dans des zones densément peuplées à Khartoum. Les civil·e·s vivant dans la capitale et dans d’autres zones, notamment le Darfour, paient un lourd tribut à ces affrontements, et des millions de personnes sont bloquées chez elles, tandis que les travailleurs humanitaires sont empêchés d’acheminer des fournitures aux civil·e·s affectés par le conflit. Amnesty International continue à recevoir des témoignages selon lesquels des civil·e·s ont été tués et blessés à leur domicile ou à proximité - certains ont été victimes d’attaques menées sans discernement et d’autres pris dans des échanges de tirs (souvent parce que des combattants avaient été postés dans des zones résidentielles civiles).