SOUDAN. Fermeture d’un journal par les autorités sur fond de répression

Index AI : PRE 01/161/2010

ÉFAI- 18 mai 2010

Amnesty International demande aux autorités soudanaises de mettre un terme à leur politique de répression de la liberté d’expression, après l’arrestation de quatre employés d’un journal d’opposition lors d’une descente effectuée tard une nuit par les forces de sécurité.

Abuzar Al Amin, Nagi Dahab, Ashraf Abdelaziz et Abu Baker Al Sammani ont été arrêtés à Khartoum le 15 mai – le même jour qu’Hassan Al Turabi, dirigeant de l’opposition – par le Service national de la sûreté et du renseignement.

Ces quatre hommes travaillent pour Rai Al Shaab, un journal soudanais d’opposition entretenant des liens étroits avec le Congrès populaire, le parti d’Hassen Al Turabi. Le Service national de la sûreté et du renseignement a également contraint le journal à suspendre ses activités, et les locaux restent fermés.

« Les autorités soudanaises doivent arrêter d’essayer de museler l’opposition en demandant aux forces de sécurité de réprimer la liberté d’expression », a déclaré Erwin van der Borght, directeur du programme Afrique d’Amnesty International.

« Ces quatre hommes ont uniquement été arrêtés pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d’expression et d’opinion. Nous demandons leur libération immédiate et inconditionnelle. »

Aucune plainte n’a encore été déposée contre ces hommes. On ignore par ailleurs où ils se trouvent. Amnesty International craint qu’ils ne soient torturés ou soumis à d’autres formes de mauvais traitements en détention.

Les membres du Service national de la sûreté et du renseignement conservent les pouvoirs très étendus accordés par la Loi de 2010 relative à la sécurité nationale, adoptée par l’Assemblée nationale soudanaise en décembre 2009.

« Ces arrestations fournissent un nouvel exemple de recours arbitraire aux pouvoirs très étendus des membres des forces de sécurité au Soudan. Les agents du Service national de la sûreté et du renseignement harcèlent constamment des étudiants, des journalistes et des défenseurs des droits humains pour l’exercice pacifique de leur droit à la liberté d’expression », a ajouté Erwin van der Borght.

« La liberté d’expression continuera à être bafouée au Soudan tant que les lois répressives telles que la Loi de 2010 relative à la sécurité nationale ne seront pas modifiées. »

Amnesty International demande au gouvernement soudanais de limiter les vastes pouvoirs du Service national de la sûreté et du renseignement, au titre desquels ce dernier est notamment habilité à arrêter et à maintenir en détention sans supervision de la part de la justice, et à effectuer des fouilles et des saisies.

Complément d’information

On ignore ce qui a motivé l’arrestation d’Hassan Al Turabi et des quatre employés de Rai Al Shaab. Certaines informations indiquent qu’elle est en rapport avec un entretien accordé par Hassan Al Turabi, peu avant son arrestation, à un autre journal auquel il a déclaré que les élections générales d’avril 2010 étaient truquées. On ne sait pas non plus ce qui constitue la base juridique de la fermeture de Rai Al Shaab et de l’arrestation de ses employés.

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