Soudan : Les forces de sécurité poursuivent leur offensive meurtrière

Il faut que les forces de sécurité soudanaises cessent leur offensive meurtrière contre des manifestant·e·s et des professionnel·le·s de la santé, a déclaré Amnesty International le 18 janvier 2019 après que deux personnes, dont un médecin, ont succombé à des blessures par balle infligées pendant les manifestations du 17 janvier dans le quartier de Burri, à Khartoum.

Par ailleurs, l’organisation a recueilli des informations faisant état d’autres raids contre des établissements médicaux lancés par les forces de sécurité, qui ont utilisé du gaz lacrymogène à l’intérieur de plusieurs hôpitaux et agressé des médecins.

« Il est scandaleux que les forces de sécurité soudanaises continuent d’avoir recours à la force meurtrière face à des manifestant·e·s et des prestataires de services essentiels comme les médecins, dans un déchaînement de violence, a déclaré Sarah Jackson, directrice adjointe du programme Afrique de l’Est, Corne de l’Afrique et Grands Lacs à Amnesty International.

« Il faut que les autorités soudanaises reprennent immédiatement en main les forces de sécurité et veillent à ce qu’elles n’emploient plus la force meurtrière contre des manifestant·e·s. Elles doivent aussi faire cesser sans délai les assauts continuels visant les établissements et le personnel médicaux, les manifestant·e·s blessés et les autres personnes soignées dans les hôpitaux car cela constitue une violation des droits à la santé et à l’intégrité physique. »

« Il est scandaleux que les forces de sécurité soudanaises continuent d’avoir recours à la force meurtrière face à des manifestant·e·s et des prestataires de services essentiels comme les médecins, dans un déchaînement de violence »

Des représentant·e·s d’Amnesty International se sont entretenus avec un médecin qui était de garde à l’hôpital spécialisé Al Faisal de Khartoum le 17 janvier. Cet homme a expliqué que les forces de sécurité avaient attaqué l’établissement dans l’après-midi, tiré du gaz lacrymogène et arrêté un autre médecin et lui-même, ainsi que deux autres membres du personnel médical. Ces professionnel·le·s de la santé, qui ont été battus pendant leur arrestation, ont été détenus et interrogés dans les locaux du Service national de la sûreté et du renseignement (NISS). Le médecin qui a parlé à Amnesty International a été libéré sans inculpation après 20 h 30, les autres quelques heures plus tard.

Par ailleurs, l’organisation a vérifié des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux et par WhatsApp ; on y voit les forces de sécurité ouvrir le feu sur les manifestant·e·s rassemblés le 17 janvier sur un terrain de football, non loin d’une mosquée du quartier de Burri, à Khartoum. Au moins un est tombé, blessé, et a dû être emmené par d’autres. Les blessés ont été, semble-t-il, conduits à l’hôpital Royal Care International, où de nombreux manifestant·e·s ont passé la nuit.

Le 17 janvier, les forces de sécurité ont tiré du gaz lacrymogène dans des maisons et des bâtiments du quartier de Burri, en violation totale des directives internationales, qui disposent que tout recours à la force doit être en accord avec les principes de nécessité et de proportionnalité et interdisent l’emploi de gaz lacrymogène dans des endroits confinés.

« En participant à ces manifestations, le peuple soudanais exerce ses droits légitimes aux libertés d’expression et de réunion pacifique. Au lieu de tenter de limiter ces droits, l’État devrait s’attaquer aux causes profondes de la crise économique qui a conduit la population dans la rue. »

« Cette violation flagrante du droit national et international doit cesser immédiatement et une enquête indépendante et impartiale doit être ouverte rapidement sur toutes les allégations de violations des droits humains, y compris les décès signalés dans le contexte des manifestations, de sorte que tous les responsables présumés de ces actes soient traduits en justice et jugés équitablement, a déclaré Sarah Jackson.

« En participant à ces manifestations, le peuple soudanais exerce ses droits légitimes aux libertés d’expression et de réunion pacifique. Au lieu de tenter de limiter ces droits, l’État devrait s’attaquer aux causes profondes de la crise économique qui a conduit la population dans la rue. »

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