Soudan. L’expulsion des organisations humanitaires met en danger 2,2 millions de personnes au Darfour

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Amnesty International a prévenu ce jeudi 5 mars 2009 que 2,2 millions de personnes étaient menacées de famine et de maladie au Darfour à la suite de la décision du gouvernement soudanais d’expulser plus de 10 organisations humanitaires, dont Oxfam, Care, l’Alliance internationale Save the Children et Médecins sans Frontières.

« Il y va de la vie de millions de personnes, ce n’est pas le moment de se livrer à des jeux politiques », a déclaré Tawanda Hondora, directeur adjoint du programme Afrique d’Amnesty International. « Ces organisations apportent la majeure partie de l’aide humanitaire dont plus de deux millions de personnes vulnérables ont besoin pour survivre. »

« En chassant les organisations humanitaires, le gouvernement soudanais retient de fait en otage toute la population civile du Darfour ; cette acte agressif doit être condamné le plus fermement possible par l’Union africaine, la Ligue des États arabes et la communauté internationale dans son ensemble. »

Ces expulsions sont survenues le 4 mars, peu après la décision de la Cour pénale internationale de décerner un mandat d’arrêt contre le président soudanais Omar el Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Les biens de plusieurs autres organisations humanitaires ont aussi été saisis.

« La population du Darfour, qui fait les frais de ce conflit depuis six ans, est maintenant punie par son propre gouvernement pour ce mandat d’arrêt », a déploré Tawanda Hondora.

« Les autorités soudanaises doivent immédiatement revenir sur leur décision d’expulser les principales organisations humanitaires et de suspendre leurs opérations, et permettre à ces organisations de poursuivre leur travail vital pour la population. Il est tout simplement impensable qu’il en soit autrement. »

L’Union africaine s’est réunie en urgence ce 5 mars pour discuter du mandat d’arrêt. La Ligue des États arabes s’était réunie la veille et avait exprimé sa solidarité avec le président el Béchir. Amnesty International a exhorté le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine de tenir une réunion exceptionnelle pour examiner la question de l’accès au Darfour, dans l’objectif de permettre le retour des organisations humanitaires dans cette région.

« Comme tous les pays, le Soudan a la responsabilité, aux termes du droit international humanitaire, de permettre aux personnes qui en ont besoin de recevoir d’une aide internationale. Le fait qu’un mandat d’arrêt ait été décerné contre le président de ce pays n’a rien à voir avec cette question », a souligné Tawanda Hondora.

Note aux rédacteurs

En vertu du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, que le Soudan a ratifié, le gouvernement soudanais a l’obligation de respecter les droits économiques, sociaux et culturels de ses ressortissants et de demander une aide internationale s’il est dans l’incapacité de le faire.

2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit