SOUDAN : La communauté internationale doit agir maintenant pour assurer la protectiondes populations civiles

SOUDAN : La communauté internationale doit agir maintenant pour assurer la protectiondes populations civiles

Index AI : AFR 54/016/2004

Mardi 17 février 2004

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Amnesty International renouvelle son appel en faveur de l’envoi immédiat
dans le Darfour d’observateurs internationaux porteurs d’un mandat clair de
surveillance de la situation des droits humains.

En dépit des récentes déclarations de la présidence soudanaise selon
lesquelles « les opérations militaires dans le Darfour (à l’ouest du Soudan)
sont terminées », Amnesty International continue de recevoir des rapports
détaillés faisant état d’attaques horribles contre les populations civiles
de certains villages par des avions et des soldats gouvernementaux et par
des milices favorables au gouvernement.

« Le président Omar Hassan el Béchir a déclaré la semaine dernière que
l’accès humanitaire au Darfour (à l’ouest du Soudan) était désormais
autorisé et que cela irait en s’améliorant. Cependant, les informations que
nous recevons du Darfour montrent que le respect du droit international
humanitaire, qui créerait les conditions requises pour une évaluation
indépendante et impartiale de la situation et l’apport d’une aide
humanitaire, n’existe pas », a déclaré Amnesty International.

Les informations qui sont parvenues à Amnesty International fournissent des
précisions sur les attaques et les pillages de biens civils perpétrés par
des groupes d’opposition armés (l’Armée de libération du Soudan (SLA, Sudan
Liberation Army) et le Mouvement Justice et Égalité (JEM, Justice and
Equality Movement) en lutte contre le gouvernement soudanais dans cette
région.

« Tant qu’il n’y aura pas de garanties fermes données par toutes les parties
au conflit dans le Darfour qu’un terme sera mis aux attaques contre les
populations civiles, aucune amélioration effective de la situation
humanitaire des populations civiles ne sera possible, a déclaré Amnesty
International. Compte tenu des déclarations contradictoires du gouvernement
soudanais et des groupes d’opposition armés en ce qui concerne la situation
réelle des populations civiles dans le Darfour, il est vital que des
observateurs indépendants et impartiaux chargés de veiller au respect des
droits humains aient accès à la région, qu’ils puissent mener des enquêtes
et faire état des atteintes flagrantes au droit international humanitaire et
relatif aux droits humains.

« Les personnes ayant perpétré ou ordonné des atteintes flagrantes aux
droits humains, telles que l’homicide délibéré de civils, des enlèvements ou
encore la destruction de biens, doivent être tenues pour responsables », a
déclaré Amnesty International. Le 3 février, Amnesty International a demandé
dans un rapport que les auteurs présumés d’atteintes flagrantes aux droits
humains dans le Darfour aient à répondre de leurs actes.

Atteintes au droit international humanitaire répertoriées

Aux alentours du 11 février, cinq villages, Shattaya, Derlewiya, Magara,
Kalelk et Romalya, situés au sud de la ville de Kass dans le Darfour
méridional, auraient été attaqués par des milices des Janjawid favorables au
gouvernement soudanais. Entre 68 et 80 civils auraient été tués lors de ces
attaques. La semaine dernière, une trentaine de jeunes filles auraient été
enlevées par des soldats gouvernementaux lors d’une attaque dans la région
de Mukjar, à l’ouest de l’État du Darfour.

Entre le 10 et le 12 février, onze villes et villages situés entre Habila et
Mornay dans l’ouest du Darfour - ayant pour noms Habila Karainik, Karainik,
Moqarni, Mornay, Gurnyu, Mejmeri, Effendi, Urbi, Liri, Kastara et Nuri -
auraient été bombardés par l’aviation soudanaise, lors de ce qui semble être
des attaques menées sans discrimination. Les Janjawid auraient tués des
civils fuyant Habila Karainik en direction de Habila ; parmi ceux-ci se
trouvaient Mohamed Ismail, imam de la mosquée et Mubarak al Nur. Les
personnes déplacées du fait des bombardements auraient trouvé refuge dans
plusieurs grandes villes de la région, Mornay, Habila, Magornay, Karainik
qui seraient à présent encerclées par les milices des Janjawid.

Des groupes politiques armés du Darfour, en lutte contre le gouvernement,
auraient également attaqué un hôpital de la région, tuant des patients et
pillant les biens de populations civiles. Le 13 février, les groupes
rebelles auraient attaqué les villages de Sellyaa et Yasin dans le Darfour
méridional. Ils auraient enlevé deux policiers et volé de l’argent lors de
ces attaques.

« Nous demandons au gouvernement de faire la preuve de son engagement à
protéger les populations civiles dans le Darfour en suspendant immédiatement
de leurs fonctions et en traduisant en justice tous les membres des forces
armées, y compris les membres des milices Janjawid pro-gouvernementales,
soupçonnés d’avoir pris part aux atteintes aux droits humains perpétrées
dans la région, a souligné Amnesty International.

« L’Armée de libération du Soudan et le Mouvement Justice et Égalité doivent
s’engager à respecter le droit international humanitaire, veiller à ce
qu’aucun civil ne fasse l’objet d’attaques illégales et accorder un accès
libre de toute entrave aux observateurs chargés de veiller au respect des
droits humains ; ceux-ci devront pouvoir enquêter et établir des rapports
sur toute allégation d’atteinte aux droits humains qui aurait été commise
par leurs forces », a insisté l’organisation.

Accès des organisations humanitaires à la région

Le 11 février, après des combats intenses et des bombardements aériens dans
le nord du Darfour, le président soudanais Omar Hassan el Béchir a annoncé
une victoire militaire - non reconnue par les groupes politiques armés - et
un « accès humanitaire unilatéral » au Darfour. Il a donné un mois aux
combattants en lutte contre le gouvernement pour déposer les armes ; à
l’issue de ce mois, une amnistie pourrait leur être accordée. Il a également
promis aux organisations humanitaires l’accès à al Fasher, Kutum, Umbaru,
Kornoi, Al Tina, Jeneina, Zalingei, Mornay, Kolbus et à tout le sud de
l’État du Darfour. La semaine dernière, des experts internationaux de l’aide
humanitaire et des représentants d’ambassades étrangères au Soudan ont été
autorisés à se rendre dans la région. Des organisations de secours ont pu
apporter des vivres à Kutum, ce qui a provoqué l’afflux de dizaines de
milliers de personnes déplacées vers cette ville.

« Ces mesures doivent être encouragées. Toutefois, les organisations
humanitaires doivent pouvoir avoir accès aux populations dans le besoin là
où elles se trouvent, même dans les régions rurales ou dans les zones dans
lesquelles des groupes armés sont susceptibles d’opérer », a déclaré Amnesty
International.

Le gouvernement soudanais doit également garantir un accès humanitaire sans
contrepartie politique.

« Des observateurs extérieurs doivent être autorisés à rencontrer librement
les populations du Darfour, notamment les victimes de guerre dont beaucoup
campent aux abords des principales villes de la région et ne bénéficient
toujours pas d’une protection réelle. Le gouvernement doit également veiller
à ce que les personnes qui s’expriment au sujet des atteintes aux droits
humains fondamentaux soient libres de le faire sans crainte de représailles
 », a demandé Amnesty International.

Les pourparlers de paix en vue de trouver une solution à la guerre civile
qui fait rage au Soudan depuis vingt ans reprennent ce mardi 17 février à
Naivasha, au Kenya. La région du Darfour est exclue de ces pourparlers.

Index AI : AFR 54/016/2004

Mardi 17 février 2004

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Amnesty International renouvelle son appel en faveur de l’envoi immédiat
dans le Darfour d’observateurs internationaux porteurs d’un mandat clair de
surveillance de la situation des droits humains.

En dépit des récentes déclarations de la présidence soudanaise selon
lesquelles « les opérations militaires dans le Darfour (à l’ouest du Soudan)
sont terminées », Amnesty International continue de recevoir des rapports
détaillés faisant état d’attaques horribles contre les populations civiles
de certains villages par des avions et des soldats gouvernementaux et par
des milices favorables au gouvernement.

« Le président Omar Hassan el Béchir a déclaré la semaine dernière que
l’accès humanitaire au Darfour (à l’ouest du Soudan) était désormais
autorisé et que cela irait en s’améliorant. Cependant, les informations que
nous recevons du Darfour montrent que le respect du droit international
humanitaire, qui créerait les conditions requises pour une évaluation
indépendante et impartiale de la situation et l’apport d’une aide
humanitaire, n’existe pas », a déclaré Amnesty International.

Les informations qui sont parvenues à Amnesty International fournissent des
précisions sur les attaques et les pillages de biens civils perpétrés par
des groupes d’opposition armés (l’Armée de libération du Soudan (SLA, Sudan
Liberation Army) et le Mouvement Justice et Égalité (JEM, Justice and
Equality Movement) en lutte contre le gouvernement soudanais dans cette
région.

« Tant qu’il n’y aura pas de garanties fermes données par toutes les parties
au conflit dans le Darfour qu’un terme sera mis aux attaques contre les
populations civiles, aucune amélioration effective de la situation
humanitaire des populations civiles ne sera possible, a déclaré Amnesty
International. Compte tenu des déclarations contradictoires du gouvernement
soudanais et des groupes d’opposition armés en ce qui concerne la situation
réelle des populations civiles dans le Darfour, il est vital que des
observateurs indépendants et impartiaux chargés de veiller au respect des
droits humains aient accès à la région, qu’ils puissent mener des enquêtes
et faire état des atteintes flagrantes au droit international humanitaire et
relatif aux droits humains.

« Les personnes ayant perpétré ou ordonné des atteintes flagrantes aux
droits humains, telles que l’homicide délibéré de civils, des enlèvements ou
encore la destruction de biens, doivent être tenues pour responsables », a
déclaré Amnesty International. Le 3 février, Amnesty International a demandé
dans un rapport que les auteurs présumés d’atteintes flagrantes aux droits
humains dans le Darfour aient à répondre de leurs actes.

Atteintes au droit international humanitaire répertoriées

Aux alentours du 11 février, cinq villages, Shattaya, Derlewiya, Magara,
Kalelk et Romalya, situés au sud de la ville de Kass dans le Darfour
méridional, auraient été attaqués par des milices des Janjawid favorables au
gouvernement soudanais. Entre 68 et 80 civils auraient été tués lors de ces
attaques. La semaine dernière, une trentaine de jeunes filles auraient été
enlevées par des soldats gouvernementaux lors d’une attaque dans la région
de Mukjar, à l’ouest de l’État du Darfour.

Entre le 10 et le 12 février, onze villes et villages situés entre Habila et
Mornay dans l’ouest du Darfour - ayant pour noms Habila Karainik, Karainik,
Moqarni, Mornay, Gurnyu, Mejmeri, Effendi, Urbi, Liri, Kastara et Nuri -
auraient été bombardés par l’aviation soudanaise, lors de ce qui semble être
des attaques menées sans discrimination. Les Janjawid auraient tués des
civils fuyant Habila Karainik en direction de Habila ; parmi ceux-ci se
trouvaient Mohamed Ismail, imam de la mosquée et Mubarak al Nur. Les
personnes déplacées du fait des bombardements auraient trouvé refuge dans
plusieurs grandes villes de la région, Mornay, Habila, Magornay, Karainik
qui seraient à présent encerclées par les milices des Janjawid.

Des groupes politiques armés du Darfour, en lutte contre le gouvernement,
auraient également attaqué un hôpital de la région, tuant des patients et
pillant les biens de populations civiles. Le 13 février, les groupes
rebelles auraient attaqué les villages de Sellyaa et Yasin dans le Darfour
méridional. Ils auraient enlevé deux policiers et volé de l’argent lors de
ces attaques.

« Nous demandons au gouvernement de faire la preuve de son engagement à
protéger les populations civiles dans le Darfour en suspendant immédiatement
de leurs fonctions et en traduisant en justice tous les membres des forces
armées, y compris les membres des milices Janjawid pro-gouvernementales,
soupçonnés d’avoir pris part aux atteintes aux droits humains perpétrées
dans la région, a souligné Amnesty International.

« L’Armée de libération du Soudan et le Mouvement Justice et Égalité doivent
s’engager à respecter le droit international humanitaire, veiller à ce
qu’aucun civil ne fasse l’objet d’attaques illégales et accorder un accès
libre de toute entrave aux observateurs chargés de veiller au respect des
droits humains ; ceux-ci devront pouvoir enquêter et établir des rapports
sur toute allégation d’atteinte aux droits humains qui aurait été commise
par leurs forces », a insisté l’organisation.

Accès des organisations humanitaires à la région

Le 11 février, après des combats intenses et des bombardements aériens dans
le nord du Darfour, le président soudanais Omar Hassan el Béchir a annoncé
une victoire militaire - non reconnue par les groupes politiques armés - et
un « accès humanitaire unilatéral » au Darfour. Il a donné un mois aux
combattants en lutte contre le gouvernement pour déposer les armes ; à
l’issue de ce mois, une amnistie pourrait leur être accordée. Il a également
promis aux organisations humanitaires l’accès à al Fasher, Kutum, Umbaru,
Kornoi, Al Tina, Jeneina, Zalingei, Mornay, Kolbus et à tout le sud de
l’État du Darfour. La semaine dernière, des experts internationaux de l’aide
humanitaire et des représentants d’ambassades étrangères au Soudan ont été
autorisés à se rendre dans la région. Des organisations de secours ont pu
apporter des vivres à Kutum, ce qui a provoqué l’afflux de dizaines de
milliers de personnes déplacées vers cette ville.

« Ces mesures doivent être encouragées. Toutefois, les organisations
humanitaires doivent pouvoir avoir accès aux populations dans le besoin là
où elles se trouvent, même dans les régions rurales ou dans les zones dans
lesquelles des groupes armés sont susceptibles d’opérer », a déclaré Amnesty
International.

Le gouvernement soudanais doit également garantir un accès humanitaire sans
contrepartie politique.

« Des observateurs extérieurs doivent être autorisés à rencontrer librement
les populations du Darfour, notamment les victimes de guerre dont beaucoup
campent aux abords des principales villes de la région et ne bénéficient
toujours pas d’une protection réelle. Le gouvernement doit également veiller
à ce que les personnes qui s’expriment au sujet des atteintes aux droits
humains fondamentaux soient libres de le faire sans crainte de représailles
 », a demandé Amnesty International.

Les pourparlers de paix en vue de trouver une solution à la guerre civile
qui fait rage au Soudan depuis vingt ans reprennent ce mardi 17 février à
Naivasha, au Kenya. La région du Darfour est exclue de ces pourparlers.

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