SOUDAN : Le Conseil de sécurité des Nations unies doit assumer sa « responsabilité de protéger » les civils

Index AI : AFR 54/019/2006

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

New York - Le Conseil de sécurité des Nations unies doit assurer le déploiement urgent au Darfour d’une mission puissante et autorisée à recourir à la force pour protéger les civils, ont déclaré Amnesty International, Human Rights Watch et l’International Crisis Group dans une lettre conjointe envoyée ce jeudi 25 mai 2006 aux États membres du Conseil de sécurité.

« Le Conseil de sécurité doit assumer la responsabilité qu’il a de protéger les civils soudanais contre de nouvelles attaques, et insister pour que Khartoum cesse de tergiverser et accepte une mission vigoureuse des Nations unies, a déclaré Gareth Evans, président de l’International Crisis Group. Il faut aussi que l’action de l’Union africaine au Darfour soit soutenue et renforcée pour assurer une meilleure protection des civils. »

Le 28 avril, le Conseil de sécurité a approuvé la résolution 1674 qui met l’accent sur la responsabilité des États en ce qui concerne la protection des populations contre le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité.

Le Darfour constitue un bon test de la détermination du Conseil de sécurité à respecter le concept de « responsabilité de protéger ».

Des dizaines de milliers de personnes ont été tuées, violées et attaquées, et près de deux millions chassées de chez elles par une campagne anti-insurrectionnelle du gouvernement soudanais qui a donné lieu à des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

« Les objections de Khartoum à l’envoi d’une force des Nations unies constituent le premier obstacle à franchir, a déclaré Kenneth Roth, directeur de Human Right Watch. Ensuite, il faudra s’assurer que les soldats des Nations unies sont autorisés à mettre fin aux attaques contre les civils et non pas simplement à rester là à regarder les tueries se poursuivre. »

Le gouvernement de Khartoum continue de résister à l’envoi d’une force des Nations unies en dépit de l’accord de paix du 5 mai sur le Darfour, qu’il avait fixé comme condition nécessaire au déploiement de troupes des Nations unies au Darfour. Le Conseil de sécurité a approuvé une résolution demandant au gouvernement soudanais de faciliter l’accès des spécialistes des Nations unies chargés de la planification d’ici le 23 mai, échéance qui a été dépassée. Le secrétaire général des Nations unies a nommé Lakhdar Brahimi envoyé spécial des Nations unies et, le 25 mai, celui-ci a annoncé que le gouvernement soudanais avait accepté la venue de l’équipe de planification des Nations unies, sans donner beaucoup de détails sur l’issue de ses pourparlers avec les responsables soudanais.

Pour Amnesty International, Human Rights Watch et l’International Crisis Group, si Khartoum ne se conforme pas à la résolution du Conseil de sécurité, celui-ci doit envisager d’appliquer de nouvelles sanctions aux responsables soudanais qui bloquent le processus.

Dans leur lettre commune, les trois organisations appellent également les gouvernements donateurs à fournir immédiatement des fonds et un soutien technique et logistique à la Mission de l’Union africaine au Soudan (AMIS). Le 15 mai, le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine a approuvé l’incorporation des 7 000 membres de sa mission au Darfour à une mission des Nations unies d’ici le 1er octobre 2006.

« Des mois pouvant s’écouler avant le déploiement complet de la mission des Nations unies, un soutien immédiat à l’Union africaine est essentiel, a commenté Irene Khan, secrétaire générale d’Amnesty International. Les gouvernements donateurs doivent montrer qu’ils sont prêts à protéger la population du Darfour en s’engageant publiquement à fournir les fonds et les ressources militaires dont l’Union africaine - et les Nations unies - ont cruellement besoin. »

La mission de l’Union africaine a été aux prises avec la détérioration des conditions de sécurité sur le terrain. Depuis la fin de l’année 2005, les attaques contre les civils, le personnel humanitaire et celui de l’AMIS se sont multipliées. Les Nations unies ont estimé qu’en avril 2006 au moins 650 000 civils dans le besoin ne bénéficiaient d’aucune aide parce que le personnel humanitaire ne pouvait pas se rendre jusqu’à eux.

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