Soudan. Les civils du Darfour otages du désaccord persistant entre les autorités soudanaises et les Nations unies


COMMUNIQUÉ DE PRESSE

AFR 54/049/2006


La population du Darfour est prise en otage du fait du désaccord persistant entre les Nations unies, l’Union africaine et le gouvernement soudanais alors même que la communauté internationale s’émeut de la souffrance des Darfouris,
a déclaré Amnesty International ce lundi 11 septembre 2006. Cette déclaration intervient alors qu’une réunion de haut niveau s’ouvre aux Nations unies sur le refus persistant des autorités soudanaises d’autoriser le déploiement de soldats de la paix des Nations unies dans la région déchirée du Darfour, malgré l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution prévoyant un tel déploiement.

Les responsables soudanais ont menacé récemment de chasser les forces de l’Union africaine (UA) si celle-ci acceptait de passer le relais aux Nations unies. Le gouvernement a lancé une offensive militaire dans le Darfour septentrional qui donne lieu à de graves violations du droit international humanitaire, comme le bombardement de zones civiles. Des soldats et du matériel militaire arrivent chaque jour, selon des témoins sur place.

« Chaque jour, nous recevons des informations faisant état de civils tués et de nouveaux déplacements dans le cadre de l’offensive du gouvernement soudanais en cours au Darfour », a déclaré Irene Khan, secrétaire générale d’Amnesty International.

« Le Conseil de sécurité doit imposer immédiatement des sanctions ciblées aux responsables soudanais s’ils continuent de refuser le déploiement de soldats de la paix des Nations unies. »

Le refus des autorités soudanaises d’un déploiement de soldats de la paix des Nations unies au Darfour intervient au moment crucial où le mandat de la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS) arrive à échéance (le 30 septembre). Le risque est que les civils du Darfour se retrouvent sans protection et à la merci de violations des droits humains tant de la part des forces soudanaises que de celle de Janjawids contrôlés par le gouvernement.

Le gouvernement soudanais semble avoir été conforté dans sa position par le soutien tacite qu’il a reçu de la Chine, du Qatar et de la Russie, les trois membres du Conseil de sécurité des Nations unies qui se sont abstenus lors du vote, la semaine dernière, de la résolution prévoyant l’envoi de soldats de la paix des Nations unies au Darfour.

« Les dirigeants arabes, chinois et russes devraient tout faire pour obtenir le consentement du Soudan à l’envoi d’une force de maintien de la paix des Nations unies plutôt que d’ergoter sur la date d’entrée en vigueur de la résolution du Conseil de sécurité »
, a déclaré Irene Khan.

« Le gouvernement soudanais n’a pas assuré comme il le devait la protection des civils du Darfour contre les violations systématiques et flagrantes de leurs droits fondamentaux. Cette responsabilité relève maintenant de la communauté internationale. Ce dont la population du Darfour a besoin maintenant c’est que la communauté internationale soutienne d’une même voie la seule option qui puisse leur garantir d’être véritablement protégés, et que le maximum de pressions soient exercées sur le gouvernement du Soudan pour le convaincre d’accepter une force des Nations unies. »

Complément d’information
Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté le 31 août 2006 la résolution 1703, qui invite le gouvernement soudanais à accepter une mission de la paix de l’ONU qui élargirait au Darfour la présence des Nations unies au Soudan. Jusqu’à maintenant, le président soudanais Omar Hassan Ahmad el Béchir a fermement rejeté cette résolution.

Le refus du gouvernement soudanais d’accepter une force de protection des Nations unies va à l’encontre de ce que souhaite la population en général. Les civils du Darfour veulent qu’une force des Nations unies vienne les protéger de manière plus efficace que les soldats de la paix de l’Union africaine actuellement sur le terrain.

Tous les groupes rebelles du Darfour – y compris l’ancienne faction rebelle de Minni Minawi, actuellement au gouvernement – ont exprimé leur soutien à l’envoi de soldats de la paix des Nations unies. Le Mouvement populaire de libération du Soudan (MPLS), partenaire du gouvernement soudanais qui représente le sud du Soudan, s’est également prononcé en faveur de la présence d’une force des Nations unies au Darfour, comme la plupart des partis politiques soudanais.

L’Union africaine est elle aussi favorable au transfert aux Nations unies de sa mission de maintien de la paix au Darfour, l’ONU étant mieux équipée pour protéger les civils.

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