SOUDAN : Les restrictions à la liberté d’expression doivent être levées

Index AI : AFR 54/008/2003

Amnesty International lance un appel en faveur de la levée des restrictions à la liberté de la presse soudanaise, après la confiscation de l’édition du 9 mars du Khartoum Monitor.

« L’imposition, par le gouvernement soudanais, de « lignes à ne pas franchir » empêchant la publication de reportages sur des sujets politiquement sensibles est clairement une atteinte au droit internationalement reconnu à la liberté d’expression et d’opinion, a déclaré l’organisation. La suspension du journal al-Watan, interdit depuis le 28 décembre 2002, devrait être levée immédiatement.

« Encore une fois les services de la sécurité nationale se sont servis de la répression pour étouffer toute discussion libre, a dit Amnesty International. Les journaux soudanais continuent de proposer de nombreux articles vivants et intéressants reflétant des points de vue différents.

Mais il n’y aura pas de protection réelle des droits humains au Soudan tant que les restrictions imposées aux médias seront aussi sévères. »
La confiscation du Khartoum’s Monitor « prêterait à rire si la situation n’était pas aussi sérieuse », a déclaré l’organisation. La lettre offensante, apparemment à l’origine de la décision, a été publiée dans l’édition du Khartoum’s Monitor du 9 mars 2003 ; elle citait de longs passages d’une histoire du Soudan bien connue, concernant les expéditions égyptiennes mameloukes contre Dongola entre 1275 et 1324 et suggérait que l’avancée de l’Islam au Soudan ne s’était pas toujours faite de façon pacifique.

L’affaire eut pour résultat la confiscation de l’édition complète du journal, entraînant des pertes financières importantes et la convocation, pour un interrogatoire d’une heure par les services de la sécurité nationale, du rédacteur en chef par intérim Nhial Bol, les 10 et 11 mars.

« Il est d’une importance fondamentale que les journalistes, les médias et les Soudanais en général puissent avoir des discussions libres sur des sujets importants pour l’avenir du Soudan, y compris les questions relatives aux droits humains et aux zones que les négociateurs de paix sont actuellement en train de définir et de discuter », a déclaré Amnesty International.

La liste des sujets ayant suscité de vives réactions de la part du gouvernement couvre un vaste domaine : le conflit dans le sud, dans les zones frontalières ou ailleurs, ainsi que toute critique relative à l’action du gouvernement en ce qui concerne les pourparlers de paix ; les atteintes aux droits humains au Soudan, parmi lesquelles la mise en détention de ceux qui critiquent le gouvernement ; les manifestations de protestation ; toute critique de la politique du gouvernement.

Le 28 décembre, le directeur de la sécurité nationale a suspendu la parution du journal al-Watan qui avait publié un certain nombre d’articles contre la corruption. Le rédacteur en chef du journal, Sid Ahmed Khalifa, a appris la suspension de son journal, qui tirait à 20-25 000 exemplaires et employait 65 personnes, par les médias.

« Le gouvernement du Soudan devrait cesser toute restriction au droit internationalement reconnu à la liberté des médias et lever la suspension du journal al-Watan, a déclaré Amnesty International.

« Il ne sera pas possible d’assurer une paix qui soit basée sur la justice tant que les médias et les personnes individuelles ne seront pas libres d’aborder tous les sujets, y compris celui des droits humains. »

Complément d’information
La sécurité nationale prend fréquemment des mesures difficiles à contrer et souvent secrètes à l’encontre de la presse soudanaise.
Au cours de ces dernières années, la sécurité soudanaise a harcelé et maintenu en détention des journalistes et rédacteurs en chef ; elle a aussi confisqué, verbalisé et suspendu de manière arbitraire des journaux qui avaient critiqué l’action du gouvernement ou exercé leur droit à la liberté d’expression.
Les rédacteurs de plusieurs journaux ont expliqué à des délégués d’Amnesty International, lors d’une récente visite de ces derniers au Soudan, qu’on leur avait indiqué les « lignes à ne pas franchir » et que des membres de la sécurité nationale avaient l’habitude d’appeler les journaux le matin pour leur dire quoi publier ou ne pas publier. On dit que parmi les sujets « à ne pas aborder » figurent aujourd’hui le conflit dans la région de Darfour et la discussion sur les « zones marginalisées » entre le nord et le sud - les montagnes nouba, la partie sud du Nil bleu et Abyei - au centre des pourparlers de paix actuels entre le gouvernement du Soudan et l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) au Kenya.

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