« Lors de son passage en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud, le pape François doit demander aux dirigeants de ces pays de prendre des mesures concrètes afin de mettre fin à l’impunité pour les crimes au regard du droit international. Améliorer la situation des droits humains dans chaque pays ne sera possible que si les responsabilités sont établies pour les atrocités commises dans le contexte de conflits armés, a réagi Tigere Chagutah, directeur régional pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International.
« Si les autorités de la RDC ont initié un processus de "justice de transition", les efforts qu’elles ont consentis afin de véritablement établir les responsabilités des uns et des autres, et de rendre justice, se sont avérés tièdes et hésitants. Parallèlement, les autorités du Soudan du Sud se sont gardées de poursuivre les auteurs présumés de crimes de droit international, ou d’instituer le Tribunal mixte pour le Soudan du Sud, soutenu par l’Union africaine, malgré la présence de dispositions en ce sens dans deux accords de paix. Elles semblent au contraire placer la vérité au-dessus des procès. »
« Il est essentiel que les autorités de chaque pays prennent des mesures urgentes afin de lutter contre l’impunité galopante prévalant face aux atrocités commises durant les conflits armés, qui ont ravagé ces pays ces dernières décennies. »
Complément d’information.
Le pape François se trouvera en République démocratique du Congo du 31 janvier au 3 février, et au Soudan du Sud du 3 au 5 février. La dernière visite d’un pape en RDC - la plus grande nation catholique d’Afrique - remonte à 38 ans. Le pape François est le premier pape à se rendre au Soudan du Sud.
Ces 25 dernières années, les conflits armés en RDC ont fait des millions de morts, et pourtant les auteurs congolais et étrangers de ces crimes continuent pour la majorité à bénéficier de l’impunité. Cette année, une commission désignée par le gouvernement a soumis la première version d’une « stratégie nationale de justice de transition », qui pourrait prendre des années à finaliser et à traduire en actes.
En 2015 et 2018, les parties au conflit le plus récent au Soudan du Sud se sont engagées à établir un Tribunal mixte pour le Soudan du Sud, soutenu par l’Union africaine, afin d’enquêter sur les crimes de guerre et violations des droits humains commis dans le cadre du conflit depuis décembre 2013, et de lancer des poursuites contre leurs auteurs présumés. La création de ce tribunal ayant cependant été retardée, les millions de victimes de crimes au regard du droit international n’ont pratiquement aucune chance d’obtenir des comptes.