« Les civil·e·s sont pris au piège face à l’escalade de la violence dans la ville soudanaise d’El Fasher. La communauté internationale, notamment l’Union africaine et les Nations unies, doivent agir de toute urgence pour empêcher que des atrocités ne soient commises à El Fasher et dans les villages voisins, pour protéger la population civile et pour s’assurer que les responsables présumés soient amenés à rendre des comptes, a réagi Tigere Chagutah, directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe
« Des centaines de milliers de personnes déplacées à l’intérieur du pays, qui ont déjà fui des violences ailleurs au Darfour, vivent actuellement à El Fasher. La population civile paye un lourd tribut au conflit. Des zones résidentielles auraient été bombardées, y compris dans le camp de personnes déplacées d’Abu Shouk. Les victimes civiles sont nombreuses et la plupart des habitant·e·s sont dans l’incapacité de partir.
« Amnesty International demande que toutes les parties au conflit cessent toutes les attaques délibérées ou aveugles contre des civil·e·s. Il faut en outre qu’elles permettent l’accès libre et sécurisé de l’aide humanitaire et veiller à ce que les civil·e·s qui tentent de fuir la violence à El Fasher puissent le faire en toute sécurité.
« La prise d’autres villes du Darfour par les RSF, notamment celle d’El Geneina, au Darfour occidental, l’an dernier, a été suivie de violations massives telles que des attaques ciblées contre les communautés non arabes, des homicides délibérés de civil·e·s, des violences sexuelles contre des femmes et des filles, ainsi que des massacres rappelant les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre et le nettoyage ethnique commis au Darfour il y a deux décennies. La communauté internationale doit agir immédiatement, avant qu’il ne soit trop tard. »
Complément d’information
Le conflit qui dure depuis plus d’un an au Soudan continue de s’étendre dans le pays, et la ville d’El Fasher, au Darfour du Nord, est maintenant encerclée par les Forces d’appui rapide (RSF) et les milices alliées. Amnesty International a reçu des informations faisant état de villages incendiés au Darfour du Nord, d’une multiplication des frappes aériennes, de bombardements sur des zones résidentielles, y compris dans le camp de personnes déplacées d’Abu Shouk, et du blocage de livraisons d’aide par les deux camps.
El Fasher, seule capitale des cinq États du Darfour qui n’est pas contrôlée par les RSF, compte plus de 1,5 million d’habitant·e·s [1] , dont des centaines de milliers de personnes déplacées à l’intérieur du pays qui ont fui les combats touchant d’autres régions du Darfour au début des années 2000 et depuis le début du conflit qui a éclaté l’an dernier. Ces civil·e·s sont maintenant pris au piège à l’intérieur de la ville et risquent d’être victimes de violations massives au cours des prochains jours et semaines.
En 2023, Amnesty International a enquêté sur les crimes de guerre imputables aux RSF et aux milices arabes alliées, qui ont perpétré ensemble des attaques ciblées en fonction de critères ethniques contre les Masalits et d’autres communautés non arabes dans l’État du Darfour occidental.