Sri Lanka. 560 000 personnes déplacées subissent les conséquences de l’intensification de la violence

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ASA 37/017/2006

L’intensification de la violence au Sri Lanka est en train d’engendrer de nouveaux flux de personnes déplacées, ajoutant à la peur et au sentiment d’insécurité de centaines de milliers de personnes, forcées de quitter leur maison en raison du conflit ou après le tsunami.

« L’incapacité de l’État à assurer la sécurité et à faire en sorte que les attaques perpétrées contre des civils fassent l’objet de poursuites en justice a fait naître la peur et semé la panique, explique Purna Sen, directrice Asie à Amnesty International. Presque toutes les attaques d’importance qui se sont produites au cours de ces derniers mois ont eu un effet dévastateur qui s’est répercuté sur de nombreuses personnes qui ont fui leurs maisons et leurs villages en quête d’un endroit sûr. »

La plupart des personnes déplacées - y compris celles vivant dans des camps organisés - continuent d’être extrêmement vulnérables à la violence et au harcèlement des Tamil Tigers (Tigres tamouls) ainsi qu’à celui d’autres groupes armés et même des membres des forces de sécurité srilankaises.

Le 17 juin, une femme a été tuée et 44 autres blessées par des grenades lancées à l’intérieur d’une église, dans le village de Pesalai, au nord de l’île, où des milliers de personnes s’étaient réfugiées pour tenter d’échapper aux combats entre les Tigres tamouls et les forces gouvernementales. Les déclarations concordantes d’un certain nombre de témoins oculaires de la scène attestent de la présence de membres des forces de sécurité srilankaises lors de l’attaque de l’église.

Les Nations unies parlent d’un total de 39 883 personnes déplacées depuis le 7 avril 2006 dans le nord et l’est du Sri Lanka.

Un rapport rendu public ce 29 juin par Amnesty International décrit également comment l’augmentation de l’insécurité force des personnes déjà déplacées à plusieurs reprises à partir à nouveau. Beaucoup ne sont pas rentrées chez elles depuis des dizaines d’années et l’augmentation de l’activité militaire constitue un obstacle majeur à leur établissement quelque part et à la reconstruction de leur vie.

« Il est de la responsabilité des gouvernements de protéger les droits de ces personnes déplacées - il y a plus d’un demi million de personnes déplacées, soit l’équivalent d’une circonscription d’une taille importante. La dégradation de la situation en matière de sécurité rend impérative une action du gouvernement visant à leur fournir une protection accrue », a déclaré Purna Sen.

Manikkam Maniyam, un Tamoul de soixante-deux ans, est l’un de ces nombreux Sri Lankais forcés de se déplacer d’un hébergement temporaire à l’autre à travers le pays depuis vingt-cinq ans. Il a fui sa maison de Trincomalee en 1990 en raison des combats et parce que sa maison au toit de chaume avait brûlée. Lui et sa famille avaient alors payé un pêcheur local pour qu’il les conduise en Inde, où ils ont vécu dans plusieurs camps de réfugiés. En 1992, on leur a fait comprendre que la situation s’était améliorée au niveau de la sécurité et ils sont retournés au Sri Lanka, où ils ont été hébergés dans le centre d’accueil d’Alles Garden. Leur logement au centre d’accueil a été détruit par le tsunami de 2004. Des milliers d’autres personnes déplacées attendent de pouvoir rentrer chez elles.

Les combats entre les forces gouvernementales, les rebelles des Tigres tamouls et d’autres groupes armés se sont intensifiés au cours des six derniers mois. Plus de 700 personnes auraient été tuées pour la seule année 2006, selon la Sri Lankan Monitoring Mission (SLMM, Mission de surveillance au Sri Lanka). Les civils sont confrontés aux assassinats, aux enlèvements et aux « disparitions ». Des enfants sont recrutés comme enfants soldats.

Les personnes déplacées, privées des réseaux de soutien formés par leur communauté et les autorités locales, sont particulièrement vulnérables à ces abus. La violence gêne également le travail des agences humanitaires et d’aide au développement qui œuvrent auprès des personnes déplacées. Deux affaires séparées illustrent ce fait : en mai, un employé du Norwegian Refugee Council a été abattu et trois bureaux d’ONG ont été touchées par des attaques à la grenade menées de façon synchronisée.

En plus de l’insécurité, les personnes déplacées doivent également faire face à l’absence de toute possibilité d’emploi et à des services de santé et d’enseignement extrêmement limités au niveau local.
L’abus d’alcool et le haut niveau de violence domestique restent préoccupants.

Si la plupart des camps tsunami disposent de fonds suffisants et offrent des conditions raisonnables d’hébergement, les camps de personnes déplacées en raison du conflit manquent souvent d’électricité, de transports et d’un système d’évacuation des eaux suffisant. Les résidents de certains camps se plaignent d’être tombés malades après avoir bu de l’eau de puit souillée.

Il y a plus de 561 600 personnes déplacées au Sri Lanka, selon les derniers chiffres des Nations unies. Parmi ces personnes, 314 400 le sont devenues en raison du conflit et 247 000 du fait du tsunami.

L’intensification de la violence force de nombreux Srilankais à fuir leur pays - plus de 2 800 personnes ont sollicité de l’Inde une protection internationale en 2006, selon le HCR.

Le rapport, Sri Lanka : Waiting to go home - the plight of the internally displaced, est disponible, en anglais, sur le site http://web.amnesty.org/library/index/engasa370042006.

Le gouvernement srilankais et les Tigres libérateurs de l’Eelam tamoul (LTTE), ou Tigres tamouls, ont conclu un accord de cessez-le-feu en 2002, mais les deux parties ont poursuivi leurs attaques, avec une nouvelle escalade au cours des six derniers mois.

Selon les chiffres du HCR, il y avait 561 626 personnes déplacées en avril 2006, dont 314 378 déplacées à cause du conflit et 247 248 par le tsunami. Voir à ce sujet le sitehttp://www.unhcr.lk/ pour plus d’informations.

La majorité des personnes déplacées au Sri Lanka sont originaires du nord et de l’est de l’île, où s’est déroulé l’essentiel des combats. En raison de leur concentration géographique dans ces régions, les Tamouls ont connu de loin les déplacements les plus importants. Selon le dernier recensement, mené en 2002 par le Ministère pour la Réhabilitation, la réinstallation et les réfugiés, 80,86 p. cent des personnes déplacées seraient tamoules, 13,7 p. cent musulmanes et 4,56 p. cent cingalaises.

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