Sri Lanka. Il faut mettre fin à vingt années d’impunité

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Embargo

Le manque de détermination du gouvernement sri-lankais à rendre justice aux victimes des graves atteintes aux droits humains de ces vingt dernières années a enfermé le pays dans un cercle vicieux de violence et d’impunité, écrit Amnesty International dans un rapport rendu public ce jeudi 11 juin 2009.
Le rapport d’Amnesty International, Twenty Years of Make-Believe : Sri Lanka’s Commission of Inquiry, témoigne du manque de détermination des gouvernements sri-lankais successifs à établir les responsabilités pour les graves atteintes aux droits humains - disparitions forcées, homicides et actes de torture notamment, perpétrés dans le pays.

Amnesty International appelle le gouvernement à saisir l’occasion créée par la fin des opérations militaires contre les Tigres libérateurs de l’Eelam tamoul (LTTE) pour établir les responsabilités dans les violations graves et les exactions commises par les deux parties au cours des derniers mois de combats qui ont coûté la vie à des milliers de personnes et fait des centaines de milliers d’autres des personnes déplacées.

« Alors que les Sri-Lankais font face aux exactions les plus récentes perpétrées par les deux parties au récent conflit, particulièrement au cours des derniers mois de combats, la réalité est qu’ils sont hantés par l’injustice et l’impunité depuis des années », a déclaré Sam Zarifi, directeur Asie Pacifique d’Amnesty International. « S’il s’agit de réconcilier des communautés divisées par des dizaines d’années de violence et d’impunité, le gouvernement sri-lankais doit engager des réformes internes et faire appel à l’aide internationale pour empêcher que ne se poursuivent les exactions en cours et faire en sorte que les responsabilités pour les exactions passées soient véritablement établies. »

Dans l’immédiat, Amnesty International appelle en priorité à la création d’une commission internationale indépendante chargée d’enquêter sur les allégations de violations graves du droit international relatif aux droits humains et du droit humanitaire, tant par les forces sri-lankaises que par les Tigres tamouls au cours des récentes hostilités militaires.

« Les autorités sri-lankaises n’ont pas véritablement réussi à établir les responsabilités en matière d’atteintes aux droits humains commises contre des civils par les LTTE ; il est encore moins probable qu’elles mènent des enquêtes effectives et engagent des poursuites contre leurs propres forces pour des violations des droits humains et du droit humanitaire », a déclaré Sam Zarifi.

Les commissions spéciales d’enquête mises en place par le gouvernement sri-lankais n’ont pas de crédibilité réelle et ont retardé les enquêtes criminelles, selon Amnesty International qui accuse le gouvernement de ne pas protéger les victimes et les témoins. Les demandes d’enquête indépendante sur les violations commises dans le cadre du récent conflit militaire ont été écartées, malgré une déclaration conjointe du président sri-lankais et du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, le 23 mai, affirmant que le gouvernement allait prendre des mesures pour répondre à ces griefs.

« Compte tenu de l’ampleur du problème que représente l’impunité au Sri Lanka, établir les responsabilités ne saurait se faire sans l’engagement actif du gouvernement du Sri Lanka, avec le soutien systématique et durable de la communauté internationale en matière d’assistance technique et de surveillance des droits humains », a déclaré Sam Zarifi.

Pour répondre au besoin plus large de réforme et de protection des droits humains, Amnesty International lance également un appel en faveur de la mise en place d’une présence onusienne chargée de surveiller la situation des droits humains, sous l’égide du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, afin d’enquêter sur les abus signalés et d’aider les institutions nationales du Sri Lanka à rendre justice.

Note aux rédactions :

Amnesty International organise un débat public le 12 juin, en marge de la session du Conseil des droits de l’homme des Nations unies. Le débat portera sur les conclusions du rapport, qui seront examinées en détail ; y participeront notamment :

Gene Dewey, membre de la dernière commission internationale d’enquête sur le Sri Lanka

Kasippillai Manoharan, médecin, dont le fils était l’un des cinq étudiants tués à Trincomalee, un dossier très médiatisé, pour lequel la famille attend toujours que justice lui soit rendue.

Pour tout entretien avec les porte-parole d’Amnesty International ou les participants au débat, veuillez contacter le service de presse d’Amnesty International.

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