Sri Lanka. La présence de Karuna au parlement est une insulte à la justice

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Le parlement sri-lankais devrait rejeter, par un vote de censure, la présence en tant que parlementaire de Vinyagamoorthi Muralitharan, connu sous le nom de Karuna, soupçonné de crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Karuna a prêté serment devant le parlement ce mardi 7 octobre en tant que député de l’Alliance pour la liberté du peuple uni, un siège ayant été laissé vacant sur la liste nationale par un député du JVP (Janatha Vimukthi Peramuna , Front populaire de libération), Wasantha Samarasinghe.

Karuna est le chef des Tigres de libération populaire de l’Eelam tamoul (TMVP). En tant que commandant des TMVP et ancien commandant des LTTE (Tigres libérateurs de l’Eelam tamoul), il est soupçonné d’être l’auteur de toute une série d’atteintes aux droits humains et de crimes de guerre, notamment de l’enlèvement de centaines d’adolescents enrôlés comme enfants soldats ; il est également soupçonné d’actes de torture, de prises d’otages et du massacre de centaines de civils au Sri Lanka.

« Karuna doit être jugé, a déclaré Sam Zafiri, directeur Asie-Pacifique d’Amnesty International. Qu’une personne soupçonnée de crimes de guerre puisse entrer au parlement envoie un message effroyable – les crimes de guerre, loin de donner lieu à des enquêtes et de sanctions sont, de fait, récompensés. Cela contribue également au sentiment d’impunité endémique, qui caractérise l’approche de toutes les parties au conflit depuis des dizaines d’années. »

Amnesty International a connaissance de nombreuses allégations pesant contre Karuna. L’organisation demande instamment aux autorités sri-lankaises d’ouvrir dans les meilleurs délais une enquête approfondie, impartiale et indépendante sur toutes les allégations de crimes perpétrés par Karuna et ses forces, notamment :

  les actes de torture commis après mars 2004, date présumée de ralliement du colonel Karuna aux forces armées gouvernementales ;

  les prises d’otages commises après 1988, y compris lorsqu’il était membre des LTTE ;

  l’enrôlement d’enfants soldats.

« En votant la censure contre Karuna, en enquêtant publiquement sur son passé et en transférant son dossier à la justice, les députés donneraient aux Sri-Lankais l’assurance qu’ils sont résolus à faire appliquer les règles du droit », a déclaré Sam Zafiri.

Karuna, comme toute personne soupçonnée d’une infraction pénale, a le droit d’être présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité ait été prouvée de sorte qu’il ne subsiste aucun doute raisonnable, lors d’un procès respectant les normes internationales d’équité des procès.

Complément d’information

Karuna était un dirigeant important des Tigres libérateurs de l’Eelam tamoul (LTTE), groupe armé d’opposition qui se bat pour un État tamoul indépendant au Sri Lanka. Il s’est séparé des Tigres libérateurs de l’Eelam Tamoul (LTTE) pour former son propre groupe, leTamileel Makkal Viduthalai Pulikal, ou Tigres de libération populaire de l’Eelam Tamoul (TMVP), qui possède également une branche politique. Depuis avril 2004, le groupe opère, semble-t-il, avec le soutien de l’armée sri-lankaise pour contester aux LTTE la suprématie dans la partie est du Sri Lanka.

Il résidait au Royaume-Uni lorsqu’il a été placé en garde à vue et inculpé par les autorités britanniques en novembre 2007 d’infraction à la législation relative à l’immigration, ce dont il a été reconnu coupable.

Amnesty International avait instamment demandé aux autorités britanniques d’ouvrir une enquête sur les crimes de guerre dont Karuna est soupçonné être l’auteur et avait exprimé sa déception à l’annonce de l’expulsion de Karuna. Malgré six mois d’enquête, les autorités britanniques n’ont pas été en mesure d’amasser suffisamment de preuves pour déterminer s’il était possible d’engager avec succès des poursuites contre un commandant sri-lankais soupçonné d’actes de torture, de prises d’otages et de crimes de guerre au regard du droit international.

Karuna a été expulsé du Royaume-Uni le 3 juillet 2008.

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