Sri Lanka. Le gouvernement doit réagir face aux disparitions forcées

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI -
10 février 2011

À la veille du premier anniversaire de la disparition de Pattani Razeek, défenseur sri-lankais des droits humains, Amnesty International renouvelle son appel au gouvernement sri-lankais pour que les responsables de son enlèvement soient traduits en justice.

Yolanda Foster, experte auprès d’Amnesty International pour le Sri Lanka, a déclaré :

« Nous comprenons que la personne qui a été identifiée comme un possible suspect est en relation étroite avec un responsable gouvernemental. Le gouvernement doit montrer qu’il ne tolérera pas d’abus de pouvoir et faire en sorte que les responsables de la disparition forcée de Pattani Razeek, quels que soient leur grade ou leur statut, soient déférés à la justice. »

Amnesty International appelle le gouvernement sri-lankais à :

  ouvrir immédiatement une enquête et révéler ce qui est arrivé à Pattani Razeek, porté disparu le 11 février 2011, en informer sa famille immédiatement ;

  s’il est détenu par les autorités, veiller à ce qu’il soit immédiatement transféré dans un centre de détention officiel, avec possibilité de consulter un avocat, de recevoir des visites de sa famille et d’être présenté devant un tribunal ; veiller à ce qu’il soit immédiatement libéré s’il n’est pas inculpé d’une infraction dûment reconnue en droit international et placé en détention pour supplément d’instruction ;

  établir les responsabilités dans la disparition de Pattani Razeek et veiller à ce que les personnes présumées responsables de la disparition forcée de Pattani Razeek soient poursuivies et jugées, quels que soient leur grade ou leur statut, dans le cadre d’une procédure conforme aux normes internationales d’équité.


Complément d’information

Pattani Razeek a disparu le 11 février 2010 dans la ville de Polonnaruwa, dans la province du Centre-Nord au Sri Lanka. La police de Puttalam a identifié, sans réussir à l’interroger, l’homme qu’il considère comme le principal suspect de la disparition forcée de Pattani Razeek, un ancien collègue de Pattani Razeek, proche du ministre sri-lankais de l’industrie et du commerce. Selon le rapport de police, le suspect aurait passé plusieurs appels avec la carte SIM du téléphone portable de Pattani Razeek après la disparition de ce dernier. Le suspect n’a pas été appréhendé et a fait une demande anticipée de libération sous caution.

Pattani Razeek est un défenseur connu des droits humains. Au moment de sa disparition, il était à la tête du Community Trust Fund (CTF), une ONG sri-lankaise dont le siège se trouve dans la ville de Puttalam, dans la province du Nord-Ouest. En février 2010, il revenait d’une visite avec des collègues du CTF lorsqu’une camionnette blanche les a contraints à s’arrêter. Pattani Razeek s’est approché des occupants de la camionnette et ils ont échangé des salutations en arabe. Il est retourné vers ses collègues du CTF et leur a dit qu’il allait se joindre aux passagers de la camionnette, qui, d’après lui, se rendaient à Valaichchenai, une ville de la province de l’Est. Il a assuré à ses collègues qu’il les rejoindrait plus tard. Or, ils ne l’ont pas revu et il n’est jamais rentré chez lui.

Après sa disparition, sa famille a reçu plusieurs demandes de rançon de la part des ravisseurs présumés de Pattani Razeek mais ces appels se sont révélés sans suite.

Simultanément, une campagne de diffamation a été lancée contre Pattani Razeek, sous forme de tracts et de rumeurs laissant entendre que sa disparition était liée à ses activités politiques ou personnelles ; Amnesty International craint que cette campagne ne vise qu’à empêcher sa défense en tant que militant des droits humains. S.R.M.M. Irshad, secrétaire parlementaire du ministre Rishad Bathiudeen, a déclaré après la disparition de Pattani Razeek que ce dernier avait été arrêté sur ordre du ministre de la défense pour avoir agi comme intermédiaire dans un transfert de fonds aux Tigres libérateurs de l’Eelam tamoul (LTTE).

Toutes les infos
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit