Sri Lanka. Les LTTE et le gouvernement mettent en danger la vie de dizaines de milliers de personnes déplacées autour de Wanni

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Les milliers de familles ayant fui les récents combats entre forces sri-lankaises et Tigres libérateurs de l’Eelam tamoul (LTTE) doivent être autorisées à se rendre dans des zones plus sûres et à recevoir l’aide humanitaire dont elles ont besoin, a déclaré Amnesty International ce jeudi 14 août.

« Ces gens n’ont plus où aller et manquent de produits de première nécessité, a déclaré Yolanda Foster, chargée de recherche sur le Sri Lanka à Amnesty International. Les Tigres les maintiennent dans une situation dangereuse et le gouvernement ne fait pas assez pour s’assurer qu’ils reçoivent des approvisionnements vitaux. »

Les bombardements aériens et les pilonnages d’artillerie des forces gouvernementales ont contraint plus de 70 000 personnes à fuir leur domicile depuis mai, essentiellement dans les districts de Kilinochchi et Mulaitivu.

Amnesty International a établi qu’environ un tiers de ces familles vivent dehors, sans aucun abri. Beaucoup ne peuvent recevoir de nourriture, de bâches pour des abris temporaires ou de carburant en raison du manque d’accès aux régions contrôlées par les LTTE et des restrictions imposées sur les marchandises transitant par Omanthai – point de passage entre zones contrôlées par le gouvernement et zones tenues par les LTTE. Certaines familles ont été forcées de se déplacer plusieurs fois.

Dans la région de Wanni contrôlée par les LTTE, les Tigres ont empêché des milliers de familles de se déplacer pour se rendre dans des zones plus sûres en imposant un système strict de passage et, dans certains cas, en forçant certains membres d’une même famille à rester en arrière pour garantir le retour du reste de la famille. Ces mesures semblent avoir en partie pour but de se servir des civils comme population tampon contre les forces gouvernementales – une violation grave du droit international humanitaire. Les LTTE pratiquent également le recrutement forcé.

Le manque de ciment pour construire des sanitaires adaptés contraint les personnes à se laver en plein air. Les femmes et les jeunes filles ne bénéficiant pas d’endroit approprié pour s’isoler, de plus en plus de violences liées au genre et de violences sexuelles sont signalées.

Amnesty International a également reçu des informations lui signalant que le gouvernement reloge les personnes ayant pu quitter les régions contrôlées par les LTTE dans des abris temporaires qui fonctionnent de facto comme des centres de détention. Selon des témoignages recueillis par Amnesty International dans le camp de Kalimoddai, dans le district de Mannar, plus de 200 familles ne peuvent sortir du camp pour quelque raison que ce soit (excepté pour se rendre à l’école) sans laissez-passer des forces de sécurité du gouvernement.

« Les deux parties à ce long conflit ont montré une nouvelle fois qu’elles sont prêtes à mettre en danger la vie de milliers de gens ordinaires pour poursuivre des objectifs militaires, a déclaré Yolanda Foster. En l’absence d’observateurs internationaux indépendants, la population civile du Sri Lanka est sans protection, à la merci de deux forces ayant un long passé de violences. »

Complément d’information

L’armée sri-lankaise a lancé une offensive majeure pour regagner des régions du nord et de l’est du pays précédemment contrôlées par les LTTE. Des familles ont été déplacées à de multiples reprises. Selon le HCR, au 30 juin, le conflit avait fait quelque 467 000 déplacés dans le nord et l’est du Sri Lanka. Ce chiffre inclut les 194 900 personnes déplacées au moment de l’intensification des combats en avril 2006.

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