Le gouvernement swazi continue d’utiliser des lois répressives, notamment la Loi de 1938 relative aux activités de sédition et de subversion et la Loi de 2008 relative à la répression du terrorisme, pour réduire au silence ceux qui le critiquent et pour réprimer leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, a déclaré Amnesty International à l’occasion du 47e anniversaire de l’indépendance du pays, le 6 septembre.
« Il est intéressant de constater que le Swaziland, qui célèbre aujourd’hui ses 47 ans d’indépendance de la Grande-Bretagne, continue de recourir, pour étouffer les voix dissidentes, à des lois qui étaient utilisées par le régime colonial dans le même but », a déclaré Deprose Muchena, directeur d’Amnesty International pour l’Afrique australe.
« Les autorités swazies doivent cesser de persécuter les défenseurs des droits humains et les opposants politiques dans le pays et elles doivent leur permettre de mener leurs activités sans avoir à subir des actes de harcèlement ou d’intimidation. »
Ceux qui critiquent la dernière monarchie absolue d’Afrique, en appelant régulièrement à l’élargissement de l’espace politique dans le pays et au respect des droits humains, sont jetés en prison ou soumis à d’autres formes de harcèlement, notamment à des manœuvres de persécution et de surveillance. Le gouvernement utilise aussi de manière abusive son système pénal pour réprimer et stigmatiser leurs activités, avec des chefs d’inculpation tels que l’outrage à magistrat ou la sédition.
Mario Masuku, dirigeant du parti d’opposition interdit PUDEMO, et 13 autres militants politiques continuent de faire l’objet de poursuites engagées au titre de ces lois répressives.
Mario Masuku et le dirigeant d’un mouvement de jeunes Maxwell Dlamini ont passé plus d’un an en prison à la suite de leur arrestation lors d’un rassemblement pour la fête du travail le 1er mai 2014. Mario Masuku n’a pas été autorisé à recevoir des soins médicaux adéquats prodigués par des praticiens indépendants, dont il avait besoin d’urgence, tout au long de ses 14 mois de détention.
L’avocat spécialiste des droits humains Thulani Maseko fait lui aussi actuellement l’objet de poursuites au titre de la Loi de 1938 relative aux activités de sédition et de subversion. Il a été remis en liberté en juin 2015 après 17 mois de prison pour outrage à magistrat, mais en septembre 2014, des chefs d’inculpation pour sédition qui avaient été retenus contre lui en 2009 ont été réactivés. Amnesty International l’a considéré comme un prisonnier d’opinion car il a été emprisonné uniquement pour avoir exercé pacifiquement ses droits.
« Les autorités swazies doivent abroger ou modifier immédiatement ces lois répressives et abandonner toutes les poursuites pénales engagées contre des défenseurs des droits humains et des opposants politiques au titre de ces lois. Elles doivent aussi cesser de réprimer dans le pays les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique. »
Complément d’information
Le Swaziland a obtenu son indépendance de la Grande-Bretagne le 6 septembre 1963. Il était sous le régime colonial britannique depuis 1903. Le chef d’État actuel, le roi Mswati III dirige depuis 1986 le pays, soumis à un régime oppressif.
Note du rédacteur :
La Haute Cour du Swaziland examinera du 8 au 10 septembre 2015 une requête contestant la Loi de 1938 relative aux activités de sédition et de subversion et la Loi de 2008 relative à la répression du terrorisme, soumise par des particuliers directement affectés par ces deux lois. Sa décision ne sera toutefois pas rendue immédiatement.