Communiqué de presse

Syrie. Amnesty International condamne l’attaque contre une chaîne télévisée, tandis que l’ONU dénonce une escalade de la violence

Les professionnels des médias tués lors d’une attaque contre une chaîne de télévision pro-gouvernementale en Syrie n’auraient pas dû être pris pour cibles, a indiqué Amnesty International mercredi 27 juin.

Ikhbariya TV, tout comme les autres médias, est un bien de caractère civil et les personnes qui y travaillent sont des civils, qui doivent être protégés contre toute attaque.

« Tout organisme médiatique, même vecteur de propagande, reste un bien de caractère civil et, en tant que tel, ne doit jamais être pris délibérément pour cible, pas plus que les personnes qui y travaillent, a affirmé Ann Harrison, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

« Toutes les parties doivent condamner ces violences et faire clairement savoir aux personnes placées sous leur commandement que ce type d’agissements et toute violation des droits humains analogue ne seront pas tolérés. »

Selon l’agence de presse officielle SANA, trois journalistes et quatre agents de sécurité ont trouvé la mort lors de cette attaque, qui s’est déroulée au petit matin du mercredi 27 juin. Des hommes armés ont pris d’assaut le siège d’Ikhbariya TV, dans la ville de Drousha, située à environ 25 kilomètres au sud de Damas.

Plusieurs représentants de l’opposition ont affirmé publiquement que cet attentat était imputable à des membres de groupes armés de l’opposition et à des déserteurs.

La chaîne privée Ikhbariya TV, favorable au gouvernement, diffuse depuis le début de la crise qui a éclaté il y a 15 mois des programmes imputant la violence aux « terroristes » et a diffusé les « aveux » semble-t-il obtenus sous la contrainte de personnes présentées comme des dissidents.

Elle a aussi diffusé des déclarations qui auraient été arrachées sous la contrainte de voisins notamment, qui dénonçaient les « traîtres » ayant critiqué le gouvernement syrien.

Aux termes du droit international humanitaire, lors d’un conflit armé, seuls les combattants et les objectifs militaires peuvent faire l’objet d’attaques légales. Les objectifs militaires sont limités aux biens qui apportent une contribution effective à l’action militaire et dont la destruction offre en l’occurrence un avantage militaire précis.

Nouveau rapport de l’ONU sur la Syrie

Cet attentat a eu lieu alors que la Commission d’enquête internationale indépendante a rendu son dernier rapport sur la situation en Syrie, notant que les forces gouvernementales syriennes s’étaient rendues responsables de graves atteintes aux droits humains « dans des proportions alarmantes » dans tout le pays au cours des trois derniers mois.

La Commission ajoute qu’elle poursuit son enquête sur le massacre de Houla, commis en mai, au cours duquel plus de 100 personnes ont péri. D’après ses investigations, les forces fidèles au gouvernement sont probablement responsables de la plupart de ces homicides. Toutefois, la Commission n’a pas encore pu se rendre sur les lieux, le gouvernement ne l’ayant pas autorisé à entrer en Syrie.

Dans ce nouveau rapport, la Commission expose également toute une série de violations des droits humains perpétrées par des groupes armés antigouvernementaux, notamment la torture ou l’homicide de soldats capturés et de membres de milices progouvernementales appelées chabiha, ainsi que l’enlèvement et l’homicide de partisans ou de collaborateurs présumés ou avérés du gouvernement et de ses forces et milices.

Amnesty International, qui enquête sur les exactions imputables aux insurgés, condamne sans réserve ces violences. Dans son dernier rapport paru en juin, elle a appelé les dirigeants de tous les groupes armés d’opposition en Syrie à dénoncer publiquement de tels actes et à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour garantir que les forces de l’opposition y mettent un terme immédiat.

Dans son rapport, elle avertit que la situation risque de se détériorer encore davantage dans les prochains mois, au regard de l’intensification des combats.

« La communauté internationale doit de toute urgence revoir le plan Annan, notamment le mandat de la mission d’observation de l’ONU, et réfléchir aux moyens de mieux le mettre en œuvre afin d’apporter sur le terrain une protection en termes de droits humains », a conclu Ann Harrison.

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