Réagissant aux informations faisant état, le 2 août, de l’exécution du militant syro-palestinien Bassel Khartabil, Anna Neistat, directrice de la recherche à Amnesty International, a déclaré :
« Cette nouvelle nous attriste et nous révolte profondément. Bassel Khartabil restera dans nos mémoires comme un exemple de courage, lui qui a pacifiquement combattu pour la liberté jusqu’à la fin. Nos pensées vont à sa famille.
« La mort de Bassel Khartabil est une illustration sinistre des horreurs commises chaque jour dans les prisons syriennes. Les dizaines de milliers de personnes actuellement enfermées dans les centres de détention du gouvernement syrien sont soumises à la torture, à des mauvais traitements et à des exécutions extrajudiciaires. Ces agissements constituent indubitablement des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. »
Les proches de Bassel Khartabil ont annoncé sa mort le 1er août 2017, après avoir été informés du fait qu’il avait été tué en 2015 à la suite d’un « procès » et d’une « peine de mort » prononcée par un tribunal militaire opérationnel d’Al Qaboun, à Damas, dans le cadre d’une procédure secrète. Ces tribunaux sont connus pour conduire des procès à huis clos qui ne respectent pas les critères minimaux fixés par les normes internationales pour des procès équitables.
Bassel Khartabli a été arrêté le 15 mars 2012 par le service de renseignement de l’armée syrienne, et maintenu en détention au secret pendant huit mois avant d’être transféré dans la prison d’Adra en décembre 2012. Il est resté à Adra jusqu’au 3 octobre 2015, date à laquelle il a réussi à informer sa famille de son transfert dans un lieu non révélé. On ignorait depuis où il se trouvait.
« Nous demandons au gouvernement russe d’user de son influence auprès des autorités syriennes pour que cette situation intolérable prenne fin. Elles doivent autoriser des observateurs indépendants à visiter les lieux de détention dans toute la Syrie et veiller à ce qu’une enquête soit menée. Des milliers de vies sont en jeu. »
Complément d’information
Bassel Khartabil est né et a grandi en Syrie au sein d’une famille palestinienne. Il était développeur de logiciels et un militant de premier plan défendant la liberté d’expression. Bassel Khartabil a utilisé, avant son arrestation, son savoir-faire technique pour promouvoir la liberté de parole et l’accès à l’information via internet. Il a remporté de nombreuses récompenses, notamment le prix Index 2013, dans la catégorie Censorship Digital Freedom Award, pour avoir utilisé la technologie afin de promouvoir un Internet ouvert et libre, et le magazine Foreign Policy l’a distingué en le plaçant dans le top 100 de son classement des Global Thinkers 2012 « pour avoir réclamé avec insistance, envers et contre tout, une révolution pacifique en Syrie. »
Amnesty International a publié des informations sur les mauvais traitements, les actes de torture et les exécutions extrajudiciaires commis dans les prisons syriennes.