Les manifestations contre le gouvernement ont débuté le 7 juin, initialement en raison des préoccupations relatives à l’effondrement de l’économie syrienne. Toutefois, le mouvement de contestation s’est rapidement intensifié en incluant des appels à un « changement de régime », au retrait des forces russes et iraniennes présentes en Syrie, et à la libération des détenus.
« La réaction violente du gouvernement syrien face aux manifestations depuis 2011 s’est traduite par des années de bains de sang et de souffrances inimaginables pour la population syrienne »
Dans les jours qui ont suivi, un militant de premier plan ayant participé à l’organisation des manifestations a été arrêté par les forces de sécurité syriennes. Personne ne l’a revu depuis et l’on ignore toujours où il se trouve et ce qu’il est advenu de lui.
Neuf autres hommes ont été arrêtés lors d’une manifestation pacifique le 15 juin, et un lycéen a été arrêté à un poste de contrôle le lendemain.
« Les autorités syriennes recourent à une campagne d’intimidation – impliquant une fois de plus des disparitions forcées et des arrestations arbitraires – dans le but d’empêcher les manifestant·e·s pacifiques d’exprimer publiquement leurs préoccupations, a déclaré Lynn Maalouf, directrice des recherches pour le Moyen-Orient à Amnesty International.
« La réaction violente du gouvernement syrien face aux manifestations depuis 2011 s’est traduite par des années de bains de sang et de souffrances inimaginables pour la population syrienne. Neuf ans après, cette récente opération de répression montre que le gouvernement n’a aucunement l’intention d’abandonner ses pratiques violentes et répressives.
« Ces hommes n’ont commis aucune infraction pénale, et rien ne justifie leur incarcération. Toutes les personnes placées en détention de façon arbitraire doivent être relâchées immédiatement et sans condition. »
Répression des manifestations
Le 15 juin, les manifestations contre le gouvernement organisées à Sweida ont été contrées par des sympathisant·e·s du gouvernement organisés. Lors des affrontements qui ont suivi, les forces de sécurité auraient frappé des manifestants opposés au gouvernement, et neuf protestataires ont été arrêtés.
Le service de vérification numérique d’Amnesty International a examiné et vérifié des informations en accès libre qui corroborent les récits de témoins, notamment en ce qui concerne l’arrestation des manifestants vers 11 heures.
Le lendemain, un élève a été arrêté à un poste de contrôle alors qu’il se rendait au lycée, prétendument en raison des manifestations. Soulignons qu’il n’avait pourtant pas participé aux manifestations.
Des habitant·e·s de Sweida ont dit à Amnesty International que les personnes arrêtées sont actuellement détenues dans la prison civile de Sweida. Trois hommes ont été informés de leur prochain transfert au tribunal pénal de Sweida pour leur procès. Le gouvernement syrien a menacé de transférer les huit autres hommes au tribunal antiterroriste de Damas en cas de poursuite des manifestations.
Complément d’information
Ces dernières années, des manifestations ont eu lieu de manière sporadique et par intermittence dans la ville, principalement en raison des difficultés économiques. Début 2020, une nouvelle campagne intitulée Nous voulons vivre a donné lieu à de nouvelles manifestations organisées régulièrement.
La majorité des protestataires sont de jeunes hommes déçus par le manque de possibilités d’emploi. Ils ne peuvent en outre pas quitter Sweida, où ils sont protégés contre la conscription forcée au titre d’un accord conclu avec le gouvernement, par crainte d’être enrôlé de force.