« Les États membres de l’ONU peuvent fournir un moyen de faire respecter le droit des familles à la vérité en mettant en place une institution centrée sur le point de vue des victimes qui vise à leur apporter des réponses attendues depuis longtemps sur ce qu’il est advenu de leurs proches. Ils doivent écouter les demandes des familles syriennes et des survivant·e·s qui ont été au premier plan des initiatives en vue de créer un tel organe, et voter en faveur de cette résolution.
« Cela fait plus de dix ans que les familles des personnes portées disparues et soumises à des disparitions forcées rencontrent des difficultés immenses pour obtenir des informations quant au sort de leurs proches. Toutes les parties au conflit se sont montrées réticentes à aborder ce sujet, laissant les familles dans un état d’angoisse et d’incertitude permanentes. En créant une institution consacrée à cette question, les Nations unies peuvent les aider à trouver certaines des réponses qu’elles sont en droit d’obtenir.
« Au moins 100 000 personnes [1] auraient été portées disparues ou soumises à une disparition forcée en Syrie depuis 2011, principalement aux mains des forces de sécurité gouvernementales. Le nombre réel de personnes disparues est probablement encore plus grand, car les parties au conflit n’ont jamais révélé le nom des personnes qu’elles détiennent. Cette institution offrirait une voie d’accès unique pour enregistrer les cas, rassembler les informations disponibles et coordonner les mécanismes existants afin de résoudre cette question. »
Complément d’information
Ce vote fait suite à la proposition du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, de créer une institution indépendante dans un rapport qui fera date [2], publié en août 2022, sur la manière de renforcer les efforts visant à traiter les milliers de cas de personnes détenues et soumises à des disparitions forcées depuis 2011, et d’apporter un soutien à leurs familles.
Le 23 juin, Amnesty International et 101 autres organisations de la société civile ont adressé une lettre aux États membres les appelant à voter en faveur de la création de cette institution.
Dès 2015, Amnesty International avait fait état du recours généralisé et systématique du gouvernement syrien aux disparitions forcées contre la population civile pour étouffer la contestation, constitutif de crimes contre l’humanité dont les responsables doivent être traduits en justice.
Les groupes armés d’opposition ont également enlevé des civil·e·s, dont des défenseur·e·s des droits humains, et la plupart d’entre eux sont toujours portés disparus.