Communiqué de presse

Syrie. Toutes les parties en présence doivent garantir la protection des prisonniers et des autres personnes qu’elles détiennent

Amnesty International a demandé à toutes les parties au conflit qui se déroule actuellement en Syrie, dont les membres de l’Armée syrienne libre et les autres composantes de l’opposition armée, de veiller à ce qu’aucun mal ne soit fait à toutes les personnes qu’elles détiennent ou qu’elles pourraient détenir, et à garantir la protection de ces personnes contre la torture et les autres formes de mauvais traitements.

Cet appel est intervenu alors que l’on craint pour la vie et la santé de personnes détenues dans l’un et l’autre camp. Les deux camps se livrent à des prises d’otages et des enlèvements, soumettent les prisonniers et autres personnes détenues à la torture ou à d’autres formes de mauvais traitements, et procèdent également à des exécutions sommaires.

Le fait de traiter des prisonniers comme des otages ou de leur porter atteinte d’une quelconque manière constitue une violation du droit international humanitaire, qui s’applique à toutes les parties à un conflit armé.

Menaces contre la vie d’otages iraniens

Des membres de la Brigade al Baraa (une composante de l’ASL, selon les informations diffusées) disant opérer à Damas et dans ses environs ont rendu publique le 4 octobre une vidéo dans laquelle ils menacent de tuer plus de 40 ressortissants iraniens qu’ils détiennent depuis le mois d’août 2012, si les autorités syriennes ne libèrent pas des partisans de l’opposition actuellement entre leurs mains et si elles ne cessent pas dans les 48 heures les bombardements et les homicides contre les civils.

Un porte-parole du Conseil militaire révolutionnaire à Damas et sa province, qui fait partie de l’ASL, a annoncé le 8 octobre 2012 que les exécutions étaient suspendues dans l’attente de l’issue de négociations en cours.

Amnesty International demande à la Brigade al Baraa, qui a menacé à plusieurs reprises de tuer les Iraniens, de ne faire aucun mal à ces hommes et de les protéger contre tout acte de torture et tout autre mauvais traitement. Ces otages doivent être traités avec humanité, a déclaré l’organisation ; ils doivent recevoir tous les soins médicaux éventuellement nécessités par leur état de santé et être autorisés à communiquer avec leur famille.

Les Iraniens sont détenus depuis le 4 août 2012 par la Brigade al Baraa, qui les accuse d’appartenir au corps iranien des Gardiens de la révolution et d’avoir pénétré en Syrie pour fournir un appui militaire au gouvernement de Damas. Les autorités iraniennes soutiennent que ces hommes – pour certains des Gardiens de la révolution à la retraite, disent-elles – sont des pèlerins venus se recueillir au mausolée de Sayyida Zainab, dans la banlieue de Damas. La Brigade a annoncé sur sa page Facebook le 6 août que trois des Iraniens qu’elle détenait avaient été tués lors d’un bombardement des forces gouvernementales.

La Brigade al Baraa a signé le « Code de conduite » de l’ASL, un engagement de respect du droit international relatif aux droits humains et du droit international humanitaire, y compris des lois relatives aux « prisonniers de guerre ».

L’ampleur beaucoup plus grande des violations des droits humains – crimes de guerre et crimes contre l’humanité notamment – commises par les forces du régime ne justifie pas les atteintes perpétrées par les groupes d’opposition, en particulier les cas tels que celui-ci, dans lequel des otages sont menacés de mort.

Amnesty International est également préoccupée par les vidéos ayant été ou étant actuellement diffusées sur Internet sur lesquelles on peut voir des personnes capturées par des brigades de l’opposition qui sont soumises à la torture ou à d’autres mauvais traitements, ou qui sont exécutées.

Il est impossible de vérifier les circonstances dans lesquelles chacune de ces vidéos a été tournée, mais il reste que leur existence même est le signe d’une protection insuffisante pour les personnes détenues, y compris les membres des forces de sécurité faits prisonniers, en particulier durant la période suivant immédiatement leur capture ou leur arrestation. Amnesty International demande à tous les groupes armés d’opposition en Syrie de traiter tous les détenus avec humanité et de ne leur faire aucun mal, de quelque manière que ce soit.

D’autres étrangers sont retenus en otage par des groupes armés en Syrie. Neuf ressortissants libanais sont détenus près d’Azaz depuis mai 2012 par la « Brigade Asifat al Shimal ». Le groupe affirme que certains des neuf hommes, si ce n’est tous, sont membres du Hezbollah, organisation politique et militaire chiite influente au Liban et qui soutient le gouvernement syrien. Il réclame, pour libérer les otages, que le Hezbollah « clarifie sa position vis-à-vis du peuple syrien et de la révolution ». Deux autres hommes qui étaient détenus avec ce groupe ont depuis été remis en liberté. Le Hezbollah a démenti tout lien avec les otages.

Craintes concernant des étrangers que l’on pense détenus par les forces gouvernementales

D’autres étrangers dont on est sans nouvelles ou que l’on pense être aux mains des forces gouvernementales sont également en danger. Le caméraman turc indépendant Cüneyt Ünal et le journaliste Bashar Fahmi Amin al Qaddoumi, un Jordanien d’origine palestinienne, ont disparu le 21 août alors qu’ils travaillaient ensemble à Alep, dans le nord du pays. La reporter japonaise Mika Yamamoto, qui se trouvait avec eux, a été tuée par les forces du régime, qui selon certaines informations ont enlevé les deux hommes.

Une semaine plus tard, la chaine de télévision progouvernementale al Ikhbariya a diffusé des images de Cüneyt Ünal entrain d’« avouer » avoir pénétré en Syrie avec un groupe d’insurgés. On pense qu’il est détenu par l’une des nombreuses composantes des forces de sécurité syriennes, mais on ignore où il se trouve exactement.

On reste sans nouvelle aucune de Bashar Fahmi Amin al Qaddoumi depuis sa disparition, et l’on craint pour sa sécurité.

Un autre journaliste, l’Américain Austin Tice, est lui aussi détenu dans des circonstances peu claires. Il a disparu en août à Damas, alors qu’il se trouvait en compagnie de rebelles armés.

Des fonctionnaires de l’ambassade de la République tchèque en Syrie, qui représente les intérêts américains dans le pays, pensent que cet homme est détenu par les forces syriennes. Dans une vidéo mise en ligne sur YouTube le 26 septembre, on le voit aux mains d’individus armés semblant appartenir à un groupe armé non identifié. Le film a été posté par une personne inconnue, qui n’avait jamais rien publié auparavant et n’a pas non plus mis de nouveau contenu en ligne depuis. Il a circulé ensuite sur un réseau social progouvernemental. Il ne ressemble guère aux vidéos généralement mises en ligne par les forces de l’opposition et apparaît comme une tentative des forces qui détiennent Austin Tice de nier leur responsabilité.

Les autorités syriennes doivent informer immédiatement les familles de toutes les personnes qu’elles détiennent. Lorsqu’il s’agit de ressortissants étrangers, la représentation consulaire doit également être informée.

Amnesty International a recensé les noms de 590 personnes qui seraient mortes aux mains des autorités syriennes depuis mars 2011. Un grand nombre d’entre elles ont été victimes de torture et d’autres formes de mauvais traitements.

Dans un rapport publié récemment, Amnesty International relevait une forte hausse du nombre d’exécutions sommaires et extrajudiciaires de civils et de membres de l’ASL par les forces gouvernementales. Le rapport mentionnait un certain nombre de cas de cadavres de personnes ayant les mains liées qui ont été découverts près des locaux du renseignement des forces aériennes à Alep.

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