Ces quatre journaux - Daima, Mawio, Mwanahalisi et Mseto - ont été interdits de publication pour diverses infractions à la très restrictive Loi sur les services de médias, en vigueur depuis novembre 2016, et à la Loi relative à la presse, aujourd’hui abrogée.
« Ces six dernières années, exercer le métier de journaliste ou diriger un organe de presse en Tanzanie s’est assorti d’un lourd prix à payer. De nombreux journaux ont été pris pour cible et fermés pour avoir révélé des affaires de corruption et des violations des droits humains », a déclaré Sarah Jackson, directrice adjointe du programme Afrique de l’Est, Corne de l’Afrique et Grands Lacs à Amnesty International.
« Maintenant que l’interdiction de ces journaux a été levée, les autorités tanzaniennes doivent abroger immédiatement la Loi sur les services de médias, pour que les organes de presse indépendants puissent fonctionner librement et faire leur travail sans crainte de représailles. Cela est indispensable pour la jouissance des droits à la liberté d’expression et à l’accès à l’information. »
« Les autorités tanzaniennes doivent abroger immédiatement la Loi sur les services de médias »
Les autorités tanzaniennes ont utilisé la Loi sur les services de médias et la Loi relative à la presse pour fermer des médias indépendants et critiques, leur infliger des amendes ou les suspendre pour avoir publié ou diffusé des informations faisant état de corruption et de violations des droits humains ou avoir abordé des questions générales de gouvernance.
Le 10 août 2016, le gouvernement a interdit Mseto une semaine après la parution d’un article mettant en cause un vice-ministre dans une affaire de corruption. En 2017, Harrison Mwakyembe, alors ministre de l’Information, de la Culture et des Sports, a interdit quatre journaux : Mawio, Mwanahalisi, Raia Mwema et Tanzania Daima, parce qu’ils avaient consacré des articles à des faits présumés de corruption.
Le gouvernement a rétabli la licence de Tanzania Daima à plusieurs reprises depuis sa première interdiction, mais Mseto, Mwanahalisi et Mawio n’avaient pas été autorisés à reparaître après leur interdiction en 2016 et 2017.
Le 23 juin 2020, le responsable de la Direction des services d’information a interdit pour une durée indéterminée l’impression et la diffusion de Tanzania Daima à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Dans l’ordre d’interdiction, le journal était accusé d’avoir enfreint la législation et de ne pas avoir respecté la déontologie, mais aucune loi et aucun contenu spécifique n’étaient mentionnés. Le journal avait déjà été interdit durant 90 jours en 2017 sur la base d’allégations de publication de fausses informations.
« La présidente de la République tanzanienne, Samia Suluhu Hassan, a ordonné aux autorités de permettre aux médias interdits sous son prédécesseur »
Le 11 août 2021, les autorités ont suspendu un autre journal, Uhuru, pendant 14 jours. Elles ont affirmé qu’il avait publié de fausses informations selon lesquelles le président n’avait pas l’intention de se représenter pour l’élection de 2025.
Le 5 septembre 2021, le Département des services d’information a suspendu Raia Mwema pendant 30 jours pour avoir enfreint à plusieurs reprises les normes professionnelles du journalisme et la législation en publiant des informations « trompeuses » qui constituaient une « incitation à la violence ».
Complément d’information
Nape Nnauye, ministre tanzanien de l’Information, des Communications et des Technologies de l’information, a annoncé la levée de l’interdiction des quatre journaux le 10 février 2022, lors d’une réunion avec des responsables de journaux à Dar es Salaam.
Le 6 avril 2021, la présidente de la République tanzanienne, Samia Suluhu Hassan, a ordonné aux autorités de permettre aux médias interdits sous son prédécesseur, John Magufuli, de reprendre leurs activités.