Communiqué de presse

Tchad. Des milliers de victimes d’expulsions forcées privées de justice

Des dizaines de milliers de personnes expulsées de force de leur logement depuis 2008 sans bénéficier des garanties prévues par la loi ni d’une indemnisation suffisante à N’Djamena, la capitale du Tchad, se retrouvent sans domicile et sans emploi, écrit Amnesty International dans un petit rapport rendu public samedi 4 juin à N’Djamena.

Ce document de 12 pages, intitulé Privées de logement, de justice, de dignité. Les victimes d’expulsions forcées au Tchad, exhorte le gouvernement tchadien à cesser immédiatement de procéder à des expulsions forcées, et à faire en sorte que toutes les victimes aient accès à la justice et notamment à une indemnisation juste.

« Certaines des victimes de ces expulsions forcées vivent dans des cabanes de fortune depuis trois ans, a précisé Christian Mukosa, spécialiste du Tchad à Amnesty International. D’autres ont dû retourner dans leur village d’origine. »

« Rares sont les familles qui ont été indemnisées du préjudice qu’elles ont subi. Lorsque les tribunaux tranchent en faveur des victimes, ces décisions sont rarement mises en œuvre. »

Les pouvoirs publics ont mené les premières expulsions à N’Djamena en février 2008. Les autorités nationales et municipales ont continué à démolir logements et commerces depuis lors, affirmant que ces nouvelles vagues d’expulsions s’inscrivent dans un projet de réaménagement de la ville.

Un grand nombre des sites dont des personnes ont été expulsées de force étaient toujours inoccupés fin mai 2011. Dans d’autres secteurs, il semble que des terrains ont été alloués pour construction à d’autres personnes, alors que beaucoup des expulsés n’ont toujours pas accès à des logements convenables.

« C’est injuste ; les autorités devraient au moins nous accorder des réparations », a déclaré Apollinaire Djeria à Amnesty International. Sa maison a été détruite en avril 2009. Sa fille a perdu deux ans de scolarité car sa famille a dû aller vivre chez des proches loin de son école.

Les expulsions forcées sont une violation des droits humains, en particulier du droit à un logement convenable, et sont contraires aux dispositions de plusieurs traités auxquels le Tchad est partie. Aux termes du droit international relatif aux droits humains, une expulsion ne doit survenir qu’en dernier recours, une fois que toutes les autres solutions possibles ont été envisagées, et à condition que toutes les garanties nécessaires pour une procédure satisfaisante aient été mises en place.

« Les vagues de démolitions de logements dont N’Djamena est le théâtre depuis trois ans vont à l’encontre des obligations internationales, régionales et nationales du Tchad, a poursuivi Christian Mukosa. Elles doivent cesser. »

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