Tchad : Les autorités doivent immédiatement libérer Daniel Deuzoumbé Passalet

Daniel Deuzoumbé Passalet, président de Droits de l’homme sans frontières (DHSF), organisation tchadienne de défense des droits humains, est un prisonnier d’opinion et doit être libéré immédiatement et sans condition, déclare aujourd’hui Amnesty International alors que le tribunal de N’ Djaména vient de renvoyer l’examen de l’affaire au 30 décembre.

« Daniel Deuzoumbé Passalet est poursuivi uniquement en raison de ses activités de défense des droits humains au Tchad et ne doit être retenu en détention. Les charges retenues contre lui sont fallacieuses et les poursuites doivent être abandonnées » a dit Erwin van der Borght, Directeur du programme Afrique à Amnesty International.

Daniel Deuzoumbé Passalet a été arrêté le 19 décembre et inculpé de « dénonciation calomnieuse » à la suite d’une interview qu’il avait accordée à Radio France internationale (RFI) le 18 décembre dans laquelle il dénonçait l’obstruction à l’enquête sur le décès en détention de 10 hommes dans la ville de Léré et l’homicide du chef du village de Matta-Léré et de ses trois assistants en septembre 2011.

Il aurait déclaré sur l’antenne de RFI que la veuve du chef du village Matta-Léré avait été enlevée par les forces de sécurité afin de l’empêcher de retirer une plainte pour « dénonciation calomnieuse » qu’elle aurait déposée contre Saleh Kebzabo, dirigeant de l’opposition et parlementaire, à la suite de l’homicide de son mari.

Daniel Deuzombé Passalet a été transféré de la maison d’arrêt de N’Djaména à la prison de Moussoro, à plus de 300 kilomètres de la capitale et n’a pu par conséquent se rendre à l’audience d’aujourd’hui. Il a entamé depuis le 22 décembre une grève de la faim pour protester contre ses conditions de détention et l’iniquité de la procédure engagée contre lui.

Amnesty International a pu établir qu’il est resté menotté pendant les six heures qu’a duré le trajet de N’Djaména à Moussoro et a passé la nuit assis et menotté à un codétenu. Ces conditions de détention constituent un traitement inhumain et dégradant. Plus de mille détenus auraient été transférés à la prison de Moussoro et au moins trois auraient été tués et plusieurs autres blessés dans des circonstances non encore élucidées lors de l’installation d’un groupe de prisonniers. Les autorités tchadiennes doivent ouvrir une enquête sur les circonstances dans lesquelles des détenus auraient été tués et blessés.

« Ce n’est pas la première fois que Daniel Deuzombé Passalet est inquiété dans le cadre de ses activités de défense des droits humains et cette fois-ci les autorités tchadiennes semblent déterminées à le faire taire en l’emprisonnant loin de la capitale dans des conditions extrêmement pénibles et en rendant plus difficile tout contact avec ses avocats et sa famille » déplore Erwin van der Borght.

Le 17 octobre, Daniel Deuzoumbé Passalet a été menacé à la radio et à la télévision nationales par des autorités tchadiennes après une déclaration de presse de DHSF et une interview qu’il avait accordée à la radio FM Liberté le 3 octobre. Dans cette interview, Daniel Deuzoumbé Passalet avait dénoncé le climat d’impunité qui entoure la mort des 10 hommes mentionnés, l’homicide du chef de village et de ses trois assistants, ainsi que la question non résolue des enlèvements d’enfants qui se déroulent dans la région.

« Il est du devoir des autorités tchadiennes de respecter et faire respecter le droit à la liberté d’expression au Tchad et de protéger les défenseurs des droits humains contre le harcèlement et les manœuvres d’intimidation fondés sur l’exercice de leurs activités de défense, de promotion et de protection des droits humains. »

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