Tchad. Un an après les combats, les souffrances continuent

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

À l’approche du premier anniversaire des derniers combats entre le gouvernement et les forces d’opposition armées à N’Djamena, Amnesty International est en mesure de révéler que les graves violations des droits humains commises par les forces de sécurité se poursuivent sans que personne n’ait à rendre de comptes.

« Un an après le conflit, les membres des forces de sécurité qui se sont rendus coupables de nombreux homicides, actes de torture et disparitions forcées contre des opposants présumés au gouvernement n’ont toujours pas été traduits en justice, ce qui ne fait qu’exacerber le problème déjà généralisé de l’impunité », a déclaré Tawanda Hondora, directeur adjoint du programme Afrique d’Amnesty International.

L’organisation a appelé le gouvernement tchadien à ouvrir des informations judiciaires sur les allégations d’atteintes aux droits humains – dont des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité – et à traduire les responsables de ces actes en justice.

En décembre 2008, Amnesty International a publié un rapport intitulé Double malheur. Aggravation de la crise des droits humains au Tchad, qui a révélé l’ampleur des violations qui continuent d’être commises.


« Les disparitions forcées semblent être utilisées par les forces de sécurité tchadiennes pour distiller la peur au sein de la population et intimider les opposants politiques réels ou présumés »
, a précisé Tawanda Hondora. « Des dizaines de personnes arrêtées par les forces de sécurité ont tout simplement disparu, et l’on ignore toujours ce qu’elles sont devenues. »

Le 3 septembre, Issa Palkoubou, professeur d’anglais au Centre linguistique américain de N’Djamena, a été enlevé sur son lieu de travail par trois hommes en civil et jeté de force dans une voiture. Depuis, personne ne l’a revu ni n’a eu de ses nouvelles. On ignore également ce qui est advenu d’Ibni Oumar Mahamat Saleh, opposant politique de premier plan, qui fait partie des nombreuses personnes arrêtées en février 2008.

« Le gouvernement tchadien doit révéler le sort de tous ceux qui ont disparu. Il doit aussi engager des poursuites pénales contre toutes les personnes susceptibles d’avoir commis des violations des droits humains, et notamment les membres de ses forces de sécurité », a ajouté Tawanda Hondora.

Complément d’information

Les 2 et 3 février 2008, des groupes d’opposition armés ont lancé une offensive dans des quartiers densément peuplés de la capitale tchadienne, N’Djamena. Les forces gouvernementales ont riposté en bombardant les quartiers de N’Djamena d’où elles soupçonnaient les forces d’opposition de mener leur attaque. Des centaines de civils ont été tués ou blessés et plus de 50 000 ont fui la capitale pour aller se réfugier au Cameroun voisin. Le gouvernement tchadien a repris le contrôle de N’Djamena et les forces d’opposition se sont retirées au Soudan.

Le 3 février, en fin d’après-midi, les forces de sécurité ont fait irruption au domicile de plusieurs dirigeants de l’opposition non armée. Ils ont arrêté l’ancien président tchadien, Lol Mahamat Choa, le député Ngalegy Yorongar et le dirigeant du Parti pour les libertés et le développement, Ibni Oumar Mahamat Saleh. Lol Mahamat Choa est resté emprisonné pendant vingt-cinq jours avant d’être libéré, et Ngalegy Yorongar pendant dix-neuf jours. Quant à Ibni Oumar Mahamat Saleh, il a disparu et personne n’a eu de ses nouvelles depuis.

Le 15 mars 2009, une force multidimensionnelle, la MINURCAT (Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad), prendra le relais de l’EUFOR, force militaire de l’Union européenne. Son nouveau mandat consistera notamment à « contribuer à la surveillance ainsi qu’à la promotion et à la défense des droits de l’homme, y compris en accordant une attention particulière aux violences sexuelles et sexistes, et en recommandant aux autorités compétentes les mesures à prendre, en vue de lutter contre l’impunité. »

Pour plus d’informations, voir le rapport d’Amnesty International : Double malheur. Aggravation de la crise des droits humains au Tchad

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