Les autorités du Guatemala mettent en danger la vie des femmes en omettant systématiquement de les protéger et de veiller à ce que les responsables des centaines d’homicides ayant lieu chaque année soient traduits en justice, a déclaré Amnesty International jeudi 17 janvier 2013, après avoir appris que deux jeunes filles et deux femmes avaient été sauvagement assassinées.
Le 16 janvier, les corps des deux jeunes filles ont été retrouvés dans une rue de Guatemala. Deux autres femmes ont également été retrouvées mortes, dans des lieux distincts.
D’après les données officielles, quelque 560 femmes ont été tuées au Guatemala en 2012, 631 en 2011 et 695 en 2010.
Sur l’ensemble des cas d’homicides, moins de 4 % débouchent sur une condamnation des auteurs présumés. En 2008, le Congrès guatémaltèque a adopté une loi caractérisant les différents crimes violents contre les femmes, portant création de tribunaux spéciaux et livrant des lignes directrices au sujet des peines, mais cette mesure n’a pas endigué la violence.
« Le nombre de meurtres de femmes et de filles enregistré chaque mois ne diminue pas, malgré le scandale national que ce phénomène est devenu pour le Guatemala, a souligné Sebastian Elgueta, spécialiste du Guatemala au sein d’Amnesty International.
« Des milliers d’affaires d’homicides de femmes et de filles datant de la dernière décennie demeurent non élucidées ou finissent par être classées en raison des insuffisances. »
Claudina Velásquez, une étudiante de 19 ans, a été retrouvée morte le 13 août 2005. Elle avait été abattue. Ses meurtriers n’ont jamais été identifiés.
De graves insuffisances ont été signalées quant à l’efficacité de l’enquête, notamment l’absence de test sur les principaux suspects pour vérifier s’ils avaient tiré avec un pistolet.
Le père de Claudina s’est rendu à plusieurs reprises auprès du parquet, a proposé des pistes d’enquête et réclamé une action concernant le cas de sa fille, mais aucun progrès notable n’a été réalisé.
Maria Isabel Franco, âgée de 15 ans, a été violée et tuée en décembre 2001.
Sa mère, Rosa Franco, se bat pour obtenir justice depuis ce jour, mais les autorités guatémaltèques n’ont traduit personne devant les tribunaux.
Des personnes inconnues ont menacé de mort et harcelé Rosa Franco alors qu’elle se battait pour démasquer les responsables du meurtre de sa fille. En octobre 2006, la Commission interaméricaine des droits de l’homme a déclaré l’affaire recevable en raison du retard injustifié dans l’enquête menée par l’État guatémaltèque.
La Cour interaméricaine des droits de l’homme est maintenant saisie de cette affaire, ce qui augmente la pression qui pèse sur les autorités guatémaltèques pour qu’elles agissent.
« En ne prenant pas les mesures nécessaires pour prévenir la violence, monter des enquêtes efficaces et faire en sorte que les responsables présumés soient traduits en justice, les autorités du Guatemala laissent penser qu’on peut maltraiter et tuer des femmes impunément », a ajouté Sebastian Elgueta.
Amnesty International appelle les autorités à enquêter de manière approfondie sur les derniers meurtres des deux jeunes filles et des deux femmes, ainsi qu’à traduire en justice les responsables présumés.
Le gouvernement doit en outre prendre des mesures d’urgence pour traiter les nombreuses affaires non élucidées de violence liée au genre qu’a connues le Guatemala ces dernières années, en veillant à ce que les enquêtes soient menées comme il se doit et que la mort des victimes ne reste pas impunie.