« Les autorités thaïlandaises doivent interrompre toutes les procédures liées à cette demande d’extradition absurde, cruelle et cynique. Chacun sait qu’Hakeem a été torturé à Bahreïn et que ses proches continuent d’y être persécutés. Il a trouvé refuge en Australie avec son épouse. Il ne devrait pas passer un jour de plus en détention et devrait pouvoir rentrer chez lui, à Melbourne, sans plus attendre, a déclaré Katherine Gerson, chargée de campagne sur la Thaïlande à Amnesty International.
« Le gouvernement thaïlandais devrait comprendre que l’unique objectif de Bahreïn est de sanctionner Hakeem Ali al Araibi pour les opinions politiques qu’il a exprimées de manière pacifique. S’il est renvoyé à Bahreïn, il risque d’être injustement emprisonné, et soumis à des actes de torture et autres mauvais traitements. Interpol a levé à juste titre la " notice rouge " le concernant, qui enfreignait sa propre politique de protection des réfugiés.
« S’il est renvoyé à Bahreïn, il risque d’être injustement emprisonné, et soumis à des actes de torture et autres mauvais traitements. »
« Cette affaire a fait les gros titres dans le monde entier, provoquant une vague d’indignation. Tout comme dans l’affaire concernant la réfugiée saoudienne Rahaf Mohammed, les autorités thaïlandaises ont l’occasion de montrer leur détermination à protéger les réfugiés en libérant Hakeem Ali al Araibi et en refusant la demande d’extradition déposée par Bahreïn. Si elles décident de faire droit à cette demande, elles bafoueront clairement le droit international. »
Complément d’information
Le 1er février, le ministère public thaïlandais a présenté une demande d’extradition concernant Hakeem Ali al Araibi au nom du gouvernement de Bahreïn. Alors qu’il voyageait avec un titre australien valide, Hakeem Ali al Araibi a été arrêté à son arrivée à Bangkok le 27 novembre dernier, en raison d’une notice rouge détournée d’Interpol. Il est toujours en détention provisoire au centre de Klong Prem.
Dans le cadre de la procédure d’extradition, il a comparu devant le tribunal le 4 février. On lui a demandé s’il était disposé à être extradé vers Bahreïn, ce à quoi il a opposé un refus officiel. Ses avocats ont maintenant jusqu’au 5 avril pour déposer un recours ; il restera en détention provisoire jusqu’à sa prochaine audience le 22 avril.
Ancien joueur de l’équipe nationale de football de Bahreïn, Hakeem Ali al Araibi a ouvertement et pacifiquement critiqué les autorités depuis qu’il a été arrêté et soumis à la torture en novembre 2012. Il a fui vers l’Australie, où il a obtenu le droit d’asile en 2017. Les autorités bahreïnites présentent un bilan déplorable s’agissant de la répression contre la dissidence pacifique.
En 2014, à l’issue d’un procès inique, il a été condamné par contumace à 10 ans de prison pour avoir vandalisé un poste de police. Son frère purge actuellement une peine d’emprisonnement pour les mêmes accusations.
Au titre du droit international, il est interdit de renvoyer une personne vers un territoire ou un pays où elle risque de subir des actes de torture ou d’autres graves violations des droits humains. Depuis quelques années, la Thaïlande a entrepris de mieux respecter cette interdiction, notamment en s’engageant lors du Sommet de l’ONU des chefs d’État et de gouvernement sur les réfugiés en septembre 2016 à appliquer les lois relatives à la lutte contre la torture et les disparitions qui englobent des protections contre les renvois forcés.