Communiqué de presse

Thaïlande. Il faut libérer le militant emprisonné pour insulte à la monarchie

La confirmation par un tribunal thaïlandais de la condamnation à 10 ans de prison d’un rédacteur en chef et militant social pour « insulte » envers la famille royale s’inscrit dans le mouvement d’érosion de la liberté de parole en Thaïlande, a déclaré Amnesty International.

La cour d’appel a confirmé la sentence prononcée à l’encontre de Somyot Prueksakasemsuk, condamné pour avoir publié deux articles sur un monarque imaginaire, jugés diffamatoires à l’égard de la monarchie thaïlandaise. Il n’a pas écrit les articles en question.

« Cette décision marque une nouvelle régression de la part des tribunaux thaïlandais : Somyot Prueksakasemsuk est incarcéré uniquement pour avoir exercé sans violence son droit à la liberté d’expression. Il n’aurait jamais dû être poursuivi en justice et doit être libéré immédiatement », a déclaré Rupert Abbott, directeur adjoint du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

Aujourd’hui âgé de 53 ans, Somyot Prueksakasemsuk est détenu depuis le 30 avril 2011 et les autorités ont rejeté ses demandes de remise en liberté sous caution et de libération provisoire à 15 reprises. Ses avocats et ses proches n’ont pas été informés de l’audience qui s’est déroulée dans la matinée du 19 septembre devant la cour d’appel.

« La condamnation de Somyot Prueksakasemsuk doit être effacée et toutes les procédures pénales engagées contre lui abandonnées. Les autorités thaïlandaises doivent le libérer immédiatement et sans condition, tout comme l’ensemble des prisonniers d’opinion. Pour le moins, elles doivent respecter son droit, garanti par la loi thaïlandaise, à la libération sous caution provisoire, » a déclaré Rupert Abbott.

« Depuis quelques années, les autorités thaïlandaises recourent de plus en plus fréquemment à la législation, notamment aux dispositions sur le crime de lèse-majesté, afin de réduire au silence les voix dissidentes, même lorsqu’elles s’expriment pacifiquement, et d’incarcérer les prisonniers d’opinion. Depuis le coup d’État du 22 mai, les affaires relevant du crime de lèse-majesté ont nettement augmenté. Cette loi draconienne doit être immédiatement suspendue, et le texte doit être modifié de manière à mettre ses dispositions en conformité avec les obligations internationales de la Thaïlande en matière de droits humains.  »

La loi relative au crime de lèse-majesté interdit tout propos ou acte considéré comme diffamatoire, insultant ou menaçant à l’égard du roi, de la reine, du prince héritier ou du régent. Elle rend ces infractions passibles d’une peine de 15 ans d’emprisonnement. Cette loi porte atteinte au droit à la liberté d’expression reconnu par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), que la Thaïlande a ratifié en 1996.

En Thaïlande, on assiste à un durcissement en vue de faire taire les dissidents et à une multiplication des poursuites pénales engagées contre ceux qui expriment leur opposition au gouvernement militaire. Somyot Prueksakasemsuk est condamné, lors même que la veille un tribunal militaire de Bangkok a condamné quatre manifestants pacifiques pour avoir enfreint l’interdiction des rassemblements publics.

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