Communiqué de presse

Thaïlande. La condamnation d’un manifestant par le régime militaire crée un dangereux précédent

La condamnation jeudi 3 juillet d’une personne reconnue coupable d’avoir manifesté, pacifiquement, contre le coup d’état militaire constitue un dangereux précédent pour la liberté de réunion et contribue à créer un climat de peur sous le régime militaire, a déclaré Amnesty International.

Le tribunal municipal de Pathumwan à Bangkok, la capitale du pays, a reconnu Weerayuth Kongkanathan coupable de violation de la loi martiale et de l’interdiction des rassemblements de plus de cinq personnes. Il s’agit de la première décision de justice de ce type depuis que l’armée a pris le pouvoir. Weerayuth Kongkanathan a été condamné une peine d’emprisonnement d’un mois avec sursis (pendant un an) ainsi qu’à une amende de 3 000 baths (environ 70 euros).

«  Weerayuth Kongkanathan n’a fait rien d’autre qu’exercer pacifiquement son droit de manifester ; il n’aurait jamais dû être inculpé et sa condamnation devrait être annulée », a déclaré Richard Bennett, directeur d’Amnesty International pour la région Asie-Pacifique.

« S’il est rassurant que Weerayuth Kongkanathan n’ait pas été incarcéré aujourd’hui, sa condamnation envoie le message inquiétant selon lequel les manifestations pacifiques ne sont pas tolérées en Thaïlande. Ce procès est sans doute le premier d’une série au cours desquels seront jugées les personnes ayant fait entendre leur voix contre le régime militaire. Nous, nous demandons que ce procès soit le dernier. »

Weerayuth Kongkanathan ayant plaidé coupable, le juge a imposé une peine moins sévère ; par contre, cet homme risque la prison s’il participe à une nouvelle manifestation pacifique pendant les douze prochains mois.

Weerayuth Kongkanathan avait été arrêté le 23 mai 2014 parce qu’il était soupçonné d’avoir participé, à Bangkok, à une manifestation pacifique contre le coup d’état, le lendemain de la prise du pouvoir par l’armée et de la mise en place à la tête du pays du Conseil national pour le maintien de la paix et de l’ordre.

Le 30 mai, après une semaine de garde à vue, Weerayuth Kongkanathan a été officiellement inculpé par le tribunal municipal de Pathumwan de violation d’une nouvelle ordonnance interdisant les rassemblements de plus de cinq personnes.

« La crainte d’être condamné à une peine d’emprisonnement pour participation à une manifestation pacifique crée un climat de peur en Thaïlande », a déclaré Richard Bennett.

« Le Conseil national devrait lever les restrictions aux manifestations pacifiques et à la liberté d’expression que fait peser la loi martiale, et les charges pesant sur les personnes arrêtées pour avoir exercé leurs droits fondamentaux devraient être abandonnées. »

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