Communiqué de presse

Thaïlande. La mort de 85 manifestants ne doit pas rester impunie

Les membres des forces de sécurité thaïlandaises qui sont responsables de la mort de 85 manifestants, tués il y a huit ans jour pour jour à Tak Bai, dans le sud de la Thaïlande, doivent être traduits en justice a déclaré Amnesty International.

Le 25 octobre 2004, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants rassemblés devant le poste de police de Tak Bai, dans la province de Narathiwat (sud de la Thaïlande).

Sept personnes ont été tuées par balles et 78 autres ont péri écrasées ou asphyxiées dans des camions de l’armée qui les transportaient vers un camp de détention militaire.

« Il est scandaleux que personne n’ait été traduit en justice pour répondre de ces homicides et qu’une impunité quasi totale règne pour d’autres violations graves des droits humains commises dans le cadre du conflit armé interne qui se déroule actuellement dans le sud du pays. », a déclaré Isabelle Arradon, directrice adjointe du programme Asie du Sud-Est d’Amnesty International.

« Cette affaire illustre hélas le grave problème de l’impunité dont bénéficient les représentants de l’État dans le sud, et plus généralement dans tout le pays. »

Il faut immédiatement abroger le décret relatif à l’état d’urgence qui est en vigueur depuis juillet 2005 dans les trois provinces les plus méridionales de la Thaïlande, et qui assure dans les faits une immunité de poursuites aux forces de sécurité, ou bien modifier ce texte pour garantir le respect des obligations de la Thaïlande en matière de droits humains.

Les autorités ont pris une initiative heureuse en 2012 : elles ont accordé une indemnité financière aux familles des victimes de la manifestation de Tak Bai et à d’autres personnes touchées par les violations perpétrées dans le sud du pays. Mais ceci ne suffit pas.

« Donner de l’argent aux victimes de violations des droits humains n’affranchit pas les autorités de leur obligation de déférer à la justice les responsables présumés de ces actes, et d’apporter des réparations complètes aux personnes touchées, a poursuivi Isabelle Arradon. Cela ne permet pas non plus de garantir que de telles violations ne se reproduiront pas. »

Les familles des victimes de Tak Bai on vu s’éloigner une nouvelle chance d’obtenir justice en juin 2012, lorsque la Cour d’appel de Thaïlande a rejeté un recours contre les conclusions d’une enquête de 2009. Celle-ci avait estimé que les agents des forces de sécurité intervenus en octobre 2004 n’avaient fait que leur devoir.

Depuis 2004, quelque 5 000 personnes sont mortes dans le conflit armé entre l’État et des insurgés dans les trois provinces les plus méridionales de la Thaïlande. Les deux camps se sont rendus coupables de violations du droit international – des insurgés présumés ont tué des civils qu’ils avaient pris pour cible et ont mené des attaques aveugles au cours desquelles des civils ont trouvé la mort.

« La violence qui ravage actuellement le sud de la Thaïlande est effroyable. Les attaques destinées à répandre la terreur au sein de la population civile font hélas désormais partie de la vie de tous les jours. Ces violations du droit international humanitaire posent un sérieux problème à l’appareil sécuritaire thaïlandais. Il n’en demeure pas moins que le maintien de la sécurité publique doit être effectué dans le respect des droits humains et ne doit pas empêcher de rendre justice pour les atteintes aux droits humains, qu’elles aient été commises par l’État ou par les groupes insurgés. »

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