Thaïlande, Stop aux arrestations et inculpations de manifestants pacifiques

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Huit militants ont été arrêtés en Thaïlande les 19 et 20 août en raison de leur participation présumée à la manifestation prodémocratie du Mouvement pour la libération de la jeunesse.

« Les autorités instrumentalisent la loi pour museler les personnes qui critiquent pacifiquement le gouvernement. Ces inculpations visent manifestement à intimider les personnes qui sont de plus en plus nombreuses à descendre dans la rue, a déclaré Ming Yu Hah, directrice régionale adjointe pour le travail de campagne à Amnesty International.

« Les autorités doivent abandonner les charges fallacieuses retenues contre des manifestants pacifiques. La liberté d’expression et la liberté de réunion pacifique sont des droits fondamentaux qui doivent être respectés, même si le gouvernement n’est pas d’accord avec les critiques qui le visent.

« Il est grand temps que les autorités engagent un processus constructif face à cette mobilisation massive, au lieu de recourir aux menaces dans l’espoir que les gens auront peur et seront dissuadés de participer à de futurs rassemblements. »

Complément d’information

Mercredi 19 août, des policiers du commissariat de Samranrat ont arrêté les militants Baramee Chairat (coordinateur de l’organisation Assemblée des pauvres), Suwanna « Looktan » Tanlek (membre du Mouvement du 24 juin pour la démocratie), et Korakot Sangyenpan (membre du Groupe pour le rétablissement de la démocratie).

Ce matin, cinq autres militants ont été arrêtés : Dechathorn « Hockey » Bumrungmuang (membre du groupe de rap Rap Against Dictatorship), Todsapon Sinsomboon (étudiant et membre du Mouvement pour la libération de la jeunesse), Thanee Sasom et Nattawut Somboonsap (protestataires), et Thanayuth « Book » na Ayutthaya (membre du groupe de rap Eleven Finger). Ils ont tous été libérés sous caution, leur libération étant soumise à la condition qu’ils ne commettent pas de nouveau les actes qui leur sont reprochés.

Quelques jours auparavant, le vendredi 14 août, Parit Chiwarak, membre du Syndicat des étudiants thaïlandais, avait lui aussi été arrêté pour les mêmes accusations, de même qu’Arnon Nampa et le militant étudiant Panupong « Mike » Jadnok le vendredi 7 août. Ces trois personnes ont par la suite été libérées sous caution.

Si elles sont déclarées coupables, elles risquent chacune d’être condamnées à une peine allant jusqu’à sept ans d’emprisonnement.

Les personnes qui ont été arrêtées aujourd’hui ont toutes été inculpées en raison de leur participation présumée à la manifestation prodémocratie du Mouvement pour la libération de la jeunesse, le 18 juillet 2020, qui demandait au gouvernement trois choses : la dissolution du Parlement, une nouvelle constitution, et la fin du harcèlement contre les personnes. Quatre autres manifestants font l’objet d’un mandat d’arrêt en raison des mêmes faits, mais ils n’ont pas encore été placés en détention, et 16 autres personnes sont accusées des mêmes faits, sans mandat d’arrêt, mais elles doivent se présenter à la police.

Parallèlement à cela, l’avocat Arnon Nampa a de nouveau été arrêté par des policiers du commissariat de Chanasongkram la nuit dernière en raison d’un rassemblement sur le thème de Harry Potter qui a eu lieu le 3 août 2020. La police a ensuite présenté Arnon Nampa devant un tribunal pénal pour demander sa détention provisoire. Arnon Nampa a par la suite été libéré sous caution, sa libération étant soumise à la condition qu’il ne commette pas de nouveau les actes qui lui sont reprochés. Arnon Nampa a été inculpé de sédition au titre de l’article 116 du Code pénal, ainsi que d’infractions prévues par la Loi relative aux rassemblements publics, un texte répressif, par la Loi relative aux dispositifs d’amplification du son, et par la Loi relative à la cybercriminalité, rédigée en termes vagues.

Depuis l’entrée en vigueur du décret sur l’état d’urgence le 26 mars 2020, un nombre croissant de personnes participant à des mouvements de protestation et à des activités pacifiques sont arrêtées et font l’objet de poursuites pénales. Des manifestants ont également signalé avoir subi ces derniers mois un harcèlement et des actes d’intimidation croissants de la part de policiers uniquement en raison de leur participation à des manifestations pacifiques.

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