Togo : Il ne faut pas se taire en dépit des attaques et des intimidations

AI Index : AFR 57/008/2003 (Document Public)
Nr du Service de Presse : 165
10 juillet 2003

Le 14 juin 2003, un journaliste togolais, Dimas Dzikodo, rédacteur en chef
de l’hebdomadaire l’Événement, était arrêté dans un cyber-café à Lomé alors
qu’il était en train de scanner des photos qui, selon nos informations,
représentaient des personnes victimes de brutalités policières commises
dans le cadre de l’élection présidentielle du 1er juin 2003. Deux autres
journalistes ont été arrêtés dans les jours qui ont suivi et tous trois
demeurent détenus. Ils sont inculpés de « tentative de trouble à l’ordre
public et diffusion de fausse information ». Le 19 juin, deux de ces
journalistes sont apparus à une conférence de presse organisée par les
autorités togolaises qui les ont accusés de vouloir envoyer les
photographies à l’étranger pour ternir l’image du pays. Selon des témoins,
Dimas Dzikodo est apparu affaibli et il s’est plaint d’avoir été maltraité
au cours des quatre jours pendant lesquels il a été détenu au secret.

Ces arrestations suivies de mauvais traitements ne sont que les cas
les plus récents d ?une longue liste d’intimidations et de brutalités
commises par les forces de sécurité togolaises à l’encontre de toute
personne cherchant à témoigner ou à informer sur les violations des droits
humains au Togo. Cette répression de toute voix dissidente a touché non
seulement les victimes, les témoins directs, les journalistes ou les
défenseurs des droits humains mais également l’entourage de certaines de
ces personnes. Des personnalités ayant émis de simples critiques vis-à-vis
de la politique du gouvernement ont fait l’objet de campagnes de
diffamation dans les media officiels.

Une répression systématique entraîne le plus souvent des représailles
à l’encontre de ceux qui ont le courage de la dénoncer. C’est ce que nous
confirme l’expérience de certains membres de la société civile togolaise
qui depuis des années prennent le risque de témoigner et de dénoncer les
exactions commises dans leur pays. Des dizaines de personnes ont été
arrêtées, torturées, menacées, harcelées ou contraintes à l’exil pour avoir
osé prendre la parole dans un pays où toute opinion dissidente peut
conduire son auteur à être victime de la répression. De ce fait, les
organisations signataires de cet appel ont déjà dû par le passé mentionner
des faits en cachant l’identité de la victime ou de ses proches afin de les
protéger et ont été amenés dans certains cas à taire des exactions pourtant
avérées dans un souci de sécurité des personnes concernées.

Nous récusons l’alternative dans laquelle les autorités togolaises -
à l’instar de nombreuses autres - souhaiteraient nous enfermer : se taire
pour préserver la sécurité des victimes et des témoins et cautionner de
facto la répression en cours ; ou parler, et risquer d’aggraver la
vulnérabilité des personnes visées.

Considérant la gravité de la situation de répression politique
prévalant au Togo et le silence complice et coupable des partenaires du
gouvernement togolais, nous estimons qu ?il est impossible de garder le
silence : à l’instar des Togolais qui ont décidé de parler, nous entendons
dénoncer avec la plus grande force cette répression politique qui consacre
le régime de l’arbitraire.

Nous appelons à soutenir le combat des personnes qui, au Togo, se
mobilisent pour la liberté d’expression et le respect des droits de tous
les Togolais, en ayant cependant toujours à l’esprit la sécurité des
victimes, de leur entourage et des sources d’information mais nous ne
pouvons gagner seules ce combat.

Face au refus obstiné des autorités togolaises de respecter la
liberté d’expression et de réunion, nous appelons la communauté
internationale, et notamment les pays qui ont des liens étroits avec le
Togo comme la France à exercer une pression déterminée sur les autorités de
ce pays afin que ces pratiques d’intimidations cessent. Entre le silence
complice et la dénonciation qui peut entraîner des représailles, la
communauté internationale doit imposer la voie du droit international :
celle de la libre expression des opinions en toute sécurité telle qu’elle
est prévue dans la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Action des chrétiens pour l ?abolition de la torture (ACAT) - France
Agir Ensemble pour les Droits de l’Homme (AEDH)
Amnesty International
Fédération internationale des ACAT (FI-ACAT)
Fédération internationale des droits de l ?homme (FIDH)
Franciscans International
Organisation mondiale contre la torture (OMCT)
Reporters sans frontières (RSF)
Secours catholique - Caritas France
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