Tragédie d’Ayotzinapa : nouveau rapport accablant

Un rapport accablant publié par un groupe d’experts indépendants sur la disparition forcée de 43 étudiants mexicains en septembre 2014 vient assombrir un peu plus le bilan catastrophique des autorités mexicaines en matière de droits humains, a déclaré Amnesty International.

Ce rapport, établi par le Groupe interdisciplinaire d’experts indépendants mandaté par la Commission interaméricaine des droits de l’homme, réfute la version officielle des événements et critique l’enquête menée jusqu’à présent.

Il accuse le gouvernement d’avoir ignoré des pistes importantes dans son enquête, manipulé des éléments de preuve, protégé des fonctionnaires soupçonnés d’être impliqués dans les disparitions, et torturé des suspects présumés pour leur arracher des « aveux ». Les familles ont demandé que le mandat des experts soit prolongé afin qu’ils puissent poursuivre leurs investigations, mais cette demande a été rejetée.

« Le gouvernement mexicain semble prêt à tout pour étouffer l’affaire de la tragédie d’Ayotzinapa », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnesty International.

« Refus d’explorer toutes les pistes possibles, manipulation de preuves, absence de mesures de protection et de soutien pour les familles des étudiants disparus, rejet de la demande de prolongation du mandat du groupe d’experts indépendants, et même absence des autorités lors de la présentation du rapport de ce groupe le 24 avril… Autant d’attitudes officielles qui envoient un message dangereux : quiconque peut disparaître au Mexique sans que rien ne soit fait pour établir la vérité sur sa disparition.  »

« La réaction des autorités à la disparition des 43 étudiants d’Ayotzinapa et à l’exécution extrajudiciaire de trois personnes est une illustration tragique de la méthode privilégiée par Enrique Peña Nieto en matière de droits humains : cacher ou ignorer les faits, et espérer que les accusations vont finir par tomber dans l’oubli. Cette attitude est non seulement illégale, mais aussi immorale. Elle sonne comme une gifle pour les proches des disparus, qui attendent des réponses depuis près de deux ans. »

Le 26 septembre 2014, 43 étudiants de l’école normale d’Ayotzinapa ont été soumis à une disparition forcée à Iguala, dans l’État de Guerrero (sud du Mexique).

Pour en savoir plus :
La nouvelle génération d’Ayotzinapa : « C’est comme si nous étions un caillou dans la chaussure du gouvernement » (billet de blog, 12 novembre 2015)

Mexique : L’incompétence et l’inertie favorisent l’épidémie de disparitions (nouvelle, 14 janvier 2016)

Toutes les infos
Toutes les actions
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit