« Il est scandaleux de voir les autorités tunisiennes piétiner les droits fondamentaux dans le but de saper l’opposition politique. Ajmi Ouirimi, Mohamed Ghanoudi et Mosaab Gharbi n’avaient aucune connaissance préalable [1] d’une enquête ou d’un mandat de perquisition à leur encontre lorsque la garde nationale tunisienne les a arrêtés. Leurs avocats n’ont pas été autorisés à les rencontrer pendant 48 heures et n’ont toujours pas eu accès au dossier ni aux détails des accusations portées contre leurs clients, a réagi Heba Morayef, directrice du programme régional Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.
« Ces arrestations sont particulièrement préoccupantes à l’approche de l’élection présidentielle. Les autorités tunisiennes doivent informer Ajmi Ouirimi, Mohamed Ghanoudi et Mosaab Gharbi du motif de leur arrestation et leur permettre de consulter immédiatement un avocat. Elles doivent les libérer immédiatement, à moins qu’ils ne soient inculpés d’une infraction pénale dûment reconnue par la loi, conformément aux normes internationales. Dans le cas contraire, cela indiquerait qu’il s’agit d’une nouvelle affaire politique visant à faire taire la dissidence.
« Il est temps que les autorités tunisiennes cessent de bafouer les droits humains et de réprimer l’opposition. Arrestations arbitraires de journalistes, d’avocat·e·s, de militant·e·s et de responsables politiques, mais aussi sape systématique de l’indépendance de la justice : elles doivent se détourner de cette voie répressive et placer les droits humains au premier plan et au centre de l’action gouvernementale. »
Complément d’information
Au cours de l’année écoulée, les autorités tunisiennes ont durci leur répression contre la dissidence, en invoquant des charges infondées contre des figures de l’opposition et d’autres détracteurs. Plusieurs membres de groupes politiques d’opposition ont été arrêtés, dont plusieurs responsables du parti Ennahdha tels que leur chef Rached Ghannouchi, détenu depuis le 18 avril 2023, Noureddine Lebhiri et d’autres [2] , visés par des accusations motivées par des considérations politiques.
En Tunisie, l’élection présidentielle est prévue pour le 6 octobre 2024. Près de trois ans après l’accaparement du pouvoir par le président Kaïs Saïed, la situation des droits humains dans le pays continue de se dégrader. Depuis, les garanties institutionnelles relatives à la protection des droits humains ont été démantelées, l’appareil judiciaire a perdu ses garanties d’indépendance, les tribunaux prennent de plus en plus pour cibles les détracteurs du président en s’appuyant sur des lois répressives, tandis que le respect du droit à la liberté d’expression est fortement restreint. Les bureaux des organisations de la société civile font l’objet de perquisitions et leurs membres sont arrêtés ou poursuivis en justice.