« Condamner quelqu’un à une amende simplement pour avoir demandé une enquête indépendante sur l’utilisation présumée d’armes chimiques est une erreur judiciaire absurde. Cette action civile abusive s’inscrit dans une manœuvre plus vaste des autorités turques visant à réduire au silence la professeure Şebnem Korur Fincancı, experte en médecine légale de renommée mondiale. Elle est victime d’un détournement flagrant des systèmes de justice civile et pénale et sa condamnation pénale injuste est actuellement en instance d’appel, a déclaré Milena Buyum, chargée de campagne sur la Turquie à Amnesty International
« Les autorités turques doivent cesser de cibler Şebnem Korur Fincancı et tous les autres défenseur·e·s des droits humains par le biais de procédures légales abusives, et veiller à ce qu’ils puissent mener leur travail sans représailles. »
Complément d’information
La professeure Şebnem Korur Fincancı a fait l’objet d’une plainte après avoir demandé l’ouverture d’une enquête indépendante sur l’usage présumé d’armes chimiques au Kurdistan irakien en 2022, lors d’une interview télévisée réalisée alors qu’elle participait à une conférence en Allemagne en octobre 2022. Arrêtée à son retour en Turquie, elle a passé près de trois mois en détention provisoire. Le ministère de la Défense nationale a réclamé 100 000 lires turques (2 700 euros) à titre de « compensation morale », alors que Şebnem Korur Fincancı était incarcérée.
Elle a été reconnue coupable au cours d’une procédure pénale sur la base de la même émission et condamnée à deux ans, huit mois et 15 jours de prison. Elle a été libérée en janvier 2023, mais sa condamnation est toujours en instance d’appel devant la Cour de Cassation.