Turquie : Il faut relâcher les ouvriers arrêtés pour avoir protesté contre leurs conditions de travail

Les autorités turques doivent libérer immédiatement et sans condition 31 ouvriers du bâtiment qui ont déjà passé deux mois en détention uniquement pour avoir protesté contre leurs conditions de travail dangereuses sur le site du troisième aéroport d’Istanbul.

• Des chiffres officiels révèlent qu’au moins 52 ouvriers sont morts sur ce site alors que s’ouvre un procès collectif.

Alors que des chiffres officiels ont révélé, il y a quelques jours seulement, que 52 personnes ont trouvé la mort dans des accidents de travail sur ce site entre 2013 et 2018, 61 ouvriers et syndicalistes comparaissent aujourd’hui devant la justice. Ils sont accusés de plusieurs infractions liées à une manifestation qui a eu lieu le 14 septembre 2018. Trente et un de ces ouvriers ont été placés en détention provisoire dans l’attente de l’ouverture du procès.

« En incarcérant et en persécutant ces ouvriers qui demandaient simplement des conditions de travail dignes et sures, les autorités turques font savoir que toute personne qui tente de défendre ses droits sera sanctionnée, a déclaré Andrew Gardner, directeur de la stratégie et de la recherche sur la Turquie à Amnesty International.

« Les statistiques officielles montrent qu’au moins 52 ouvriers sont morts sur ce site. Il est donc grand temps que les autorités écoutent les revendications légitimes de ces ouvriers au lieu de tenter de les bâillonner. Tous les ouvriers et tous les syndicalistes jugés aujourd’hui doivent être remis en liberté immédiatement et sans condition. »
 

Complément d’information

Plus de 400 ouvriers ont été arrêtés lors d’une descente opérée de nuit, à la suite d’une manifestation organisée le 14 septembre 2018 pour protester contre des conditions de travail et de vie inhumaines sur le site du troisième aéroport d’Istanbul. Les ouvriers ont également dénoncé les nombreux accidents et les morts qui ont eu lieu sur ce site.

Soixante et un ouvriers sont jugés, et 31 d’entre eux sont en détention provisoire depuis environ deux mois. Parmi ces détenus figurent Anıl Deniz Gider, Özkan Özkanlı, Uğur Karadaş, et Yunus Özgür, des représentants d’İnsaat-İş, un syndicat d’ouvriers du bâtiment, ainsi que le responsable du Syndicat des ouvriers de la construction (Dev Yapı-İş), Özgür Karabulut.

Ils sont tous accusés d’avoir empêché la police et la gendarmerie d’intervenir pendant la manifestation, forcé d’autres ouvriers à cesser le travail ou à suspendre leurs activités, parfois en les menaçant, endommagé des biens publics et privés, et participé à la manifestation en utilisant des objets potentiellement dangereux interdits par la loi, comme des pierres et des bâtons. Or, l’acte d’accusation ne décrit pas comment chacun de ces ouvriers a commis chacune de ces infractions présumées, et n’apporte aucune preuve.

Selon une réponse écrite adressée par la Direction de la sécurité sociale de la province d’Istanbul au député Ali Şeker, le centre local de la sécurité sociale a enregistré 52 accidents mortels liés au travail sur le site de la construction du nouvel aéroport entre 2013 et 2018.

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