COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Turquie. La police doit cesser de recourir à une force excessive contre les étudiants qui manifestent à Ankara

Amnesty International appelle les autorités à faire en sorte que les manifestations pacifiques se poursuivent librement à Ankara, alors que la police a usé à plusieurs reprises d’une force excessive contre les étudiants protestant contre la construction d’une route sur leur campus universitaire.

Les 18, 21 et 26 octobre 2013, la police a recouru à une force excessive contre des étudiants, des professeurs et des habitants du secteur qui manifestaient contre ce qui, selon eux, représente la destruction de près de 3 000 arbres dans le cadre d’un projet de construction d’axe routier. La police antiémeutes a utilisé des gaz lacrymogènes, des grenades aveuglantes et des balles en plastique contre des manifestants pacifiques.

Dans la nuit du vendredi 18 octobre, entre 20 et 25 camions et pelleteuses ont entamé la construction d’une route importante à travers une forêt, dont une partie se trouve sur le campus de l’ODTÜ (Middle East Technical University). Selon le témoignage d’une professeure présente sur les lieux, vers 22h30, les policiers ont lancé des bombes lacrymogènes, en grand nombre, tout d’abord au sol puis directement sur les 20 manifestants pacifiques qui tentaient d’entrer sur le campus. Elle a ajouté qu’elle avait été touchée au talon par une bombe lacrymogène et qu’un homme avait été touché à la main par une balle en plastique.

Selon des témoins oculaires, lundi 21 octobre, une foule de plusieurs centaines d’étudiants et d’universitaires s’était rassemblée dans l’après-midi pour planter en guise de protestation des arbres devant l’une des entrées du campus, afin de remplacer symboliquement ceux arrachés par les engins de construction le 18 octobre. Vers 21 heures, 300 manifestants se trouvaient encore sur place. Selon des témoins avec lesquels Amnesty International s’est entretenue, des affrontements ont éclaté lorsqu’un groupe d’inconnus, en civil, ont agressé certains manifestants ; un nombre réduit de manifestants s’est mis à lancer des pierres sur les policiers. Selon les témoins, la police a alors réagi avec une force disproportionnée, en tirant notamment des gaz lacrymogènes et des grenades aveuglantes, afin d’évacuer tous les manifestants présents sur les lieux, faisant plusieurs blessés.

Une nouvelle fois, la police a usé d’une force excessive le 26 octobre vers 19 heures, afin de disperser un groupe de près de 500 étudiants qui voulaient défiler entre deux portes d’entrée du campus, afin de protester sans violence contre le comportement de la police lors des manifestations de la semaine précédente. Selon des témoins, la police a sommé les manifestants qui scandaient des slogans de se disperser, puis a tiré des gaz lacrymogènes et des canons à eau sans leur laisser le temps d’obéir à cet ordre. Plusieurs heures durant, les manifestants se sont rassemblés pour être à chaque fois violemment dispersés. Vers 22 heures, les policiers auraient battu l’un des étudiants, avant de le jeter contre une barricade en feu. Il a été grièvement blessé – une entaille à la tête et des brûlures au second et troisième degré sur le corps.

Refuser aux étudiants et professeurs de l’ODTÜ le droit de manifester pacifiquement et faire usage d’une force excessive contre eux laisse à penser que peu d’enseignements ont été tirés des événements du parc Gezi.

Amnesty International invite les autorités turques à faire respecter le droit des manifestants de l’ODTÜ de se réunir pacifiquement et à veiller à ce que les responsables de l’application des lois ne recourent pas à une force excessive ou inutile. Les allégations de violences policières doivent faire l’objet d’investigations, en vue de déférer à la justice les responsables présumés.

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