Communiqué de presse

Turquie. Les arrestations antiterroristes ciblent d’éminents avocats spécialisés dans la défense des droits humains

Dans la nuit du 18 janvier, la police a lancé un vaste coup de filet dans plusieurs villes turques et arrêté 15 avocats spécialisés dans la défense des droits humains, connus pour défendre le droit à la liberté d’expression des citoyens et les victimes de violences policières, a déclaré Amnesty International.

L’opération policière, qui aurait eu pour objectif de sévir contre un groupe clandestin d’extrême-gauche, s’est notamment traduite par des arrestations à Ankara, Istanbul et ?zmir, dans des lieux de résidence comme dans des bureaux. Les sièges et les antennes de l’Association des juristes progressistes (ÇHD) et du Bureau du droit du peuple à Istanbul, notamment, ont été investis par les policiers.

Selon les informations reçues par Amnesty International, la police a perquisitionné le Bureau du droit du peuple sans qu’un procureur ni un représentant du Barreau ne soit présent, comme l’exige pourtant la loi.

« L’arrestation d’éminents avocats spécialisés dans la défense des droits humains et la perquisition, selon toute apparence illégale, de leurs bureaux, vient renforcer une politique de poursuites qui semble avoir pour objectif de faire taire les voix dissidentes », a indiqué Andrew Gardner, chercheur sur la Turquie à Amnesty International.

Selon certaines informations, cette dernière vague d’arrestations, menée au titre des lois antiterroristes turques, a pris pour cibles des membres présumés du groupe armé Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C). En raison d’une « ordonnance de non-divulgation » rendue dans cette affaire, les autorités n’ont divulgué aucun détail aux avocats de la défense.

D’après certaines informations, plus de 80 personnes ont été interpellées dans le cadre de cette opération policière dans sept villes de Turquie.

Amnesty International dénonce depuis longtemps la formulation excessivement large et vague des lois antiterroristes turques qui sont utilisées pour réprimer les activités pacifiques légitimes.

« Les avocats qui défendent les droits humains ne sont pas les seules victimes de l’utilisation abusive des lois antiterroristes en Turquie. La question à se poser est la suivante : qui restera-t-il pour défendre les victimes de violations présumées des droits humains ? », s’est interrogé Andrew Gardner.

Des avocats, dont certains membres de l’association prise pour cible, avaient confié à Amnesty International qu’ils craignaient d’être arrêtés et avaient reçu des menaces allant dans ce sens, parce qu’ils assurent la défense de personnes accusées dans des affaires de lutte contre le terrorisme.

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