Turquie. La police disperse les manifestants, faisant un mort et de nombreux blessés

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI

Les autorités turques doivent enquêter sur la mort récente d’un manifestant et sur les accusations de recours excessif à la force et d’autres mauvais traitements infligés aux manifestants par la police, a déclaré Amnesty International ce mercredi 22 octobre 2008 alors que les contestations se poursuivent à Adana, localité du sud du pays, et à Dogubayazit, ville de l’est.

Des protestations ont éclaté dès le 17 octobre 2008 dans les départements du sud et de l’est de la Turquie, ainsi qu’à Istanbul, lorsque des informations ont fait état de mauvais traitements subis par le dirigeant du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, aux mains de ses gardiens de prison. Certaines de ces manifestations ont dégénéré après que la police eut recouru à la force pour les empêcher d’avoir lieu ; les policiers sont devenus la cible de jets de pierres et de cocktails Molotov et des biens ont été endommagés.

La police a tiré à balles plastiques et réelles pour disperser les manifestants. L’un d’entre eux, Ahmet Özhan, a été tué dans la ville de Dogubayazit, dans l’est du pays, et bien d’autres ont été blessés notamment par balle, dont certains grièvement, et sont toujours hospitalisés. Parmi les blessés, on compte de nombreux enfants. Selon certaines informations, sur les 62 personnes hospitalisées, sept étaient des policiers.

D’après l’Association turque pour la défense des droits humains (IHD), plus de 200 personnes sont actuellement maintenues en détention pour avoir participé aux manifestations. Au moins un mineur est incarcéré dans un centre de détention pour adultes.

Consciente des difficultés auxquelles sont confrontés les agents de la force publique lorsqu’ils veillent au maintien de l’ordre dans des manifestations violentes, Amnesty International note que les autorités turques ont l’obligation au titre du droit international d’assurer la sécurité des personnes et des biens. Toutefois, elles sont également tenues de veiller à ce que les agents des forces de l’ordre agissent dans le respect des normes internationales – en particulier, ils ne doivent recourir à la force que lorsque cela est strictement nécessaire et dans la mesure exigée par l’accomplissement de leurs fonctions.

Les autorités turques doivent veiller à ce que les policiers ne recourent pas à une force excessive contre les manifestants. Elles doivent également diligenter dans les meilleurs délais une enquête approfondie et impartiale sur la mort d’Ahmet Özhan et sur les accusations de mauvais traitements infligés à d’autres manifestants , a indiqué Andrew Gardner, chercheur d’Amnesty International sur la Turquie.

Les normes internationales exigent que les responsables de l’application des lois emploient, autant que faire se peut, des moyens non violents avant de recourir de manière proportionnée à la force et aux armes à feu, qui ne doivent être utilisées que si les autres moyens demeurent inefficaces. Les responsables de l’application des lois peuvent faire usage d’armes à feu uniquement lorsque des moyens moins radicaux ne suffisent pas et doivent limiter leur emploi au minimum nécessaire, afin de se protéger et de protéger autrui contre une menace imminente de mort ou de blessure grave.

Par ailleurs, Amnesty International engage les autorités turques à faire en sorte que les responsables de l’application des lois et les autorités chargées de la détention respectent l’interdiction absolue de torture et d’autres mauvais traitements.

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