Turquie. Un préfet menace de priver de soins de santé des manifestants et leurs familles

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI
29 octobre 2008

Il semble que le préfet du département d’Adana, dans le sud de la Turquie, projette de priver de soins de santé des manifestants et leurs familles – et ce en violation des normes internationales, a déclaré Amnesty International ce mercredi 29 octobre 2008.

Des manifestations ont éclaté dès le 17 octobre 2008 dans les départements du sud et de l’est de la Turquie pour protester contre les mauvais traitements qu’aurait subis en prison le dirigeant du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan. Nombreuses sont les informations selon lesquelles les responsables de l’application des lois ont notamment recouru à une force excessive et à d’autres formes de mauvais traitements lors de ces manifestations, qui se sont parfois déroulées dans la violence.

« Lorsqu’elles réagissent à ces manifestations, les autorités se doivent de respecter leurs obligations en matière de droits humains et de ne pas recourir à des sanctions collectives », a indiqué Andrew Gardner, expert d’Amnesty International sur la Turquie.

Amnesty International a appris que les autorités départementales d’Adana avaient engagé une procédure judiciaire en vue de retirer les « cartes vertes » aux familles dont les enfants ont pris part à ces manifestations.

Ces « cartes vertes » permettent aux familles les plus démunies d’avoir accès à des soins et à des traitements médicaux. Selon certaines informations, les autorités prennent d’autres mesures afin d’empêcher les familles de ces enfants de bénéficier de l’aide de la Fondation d’aide sociale et de solidarité. Cet organisme fournit, entre autres, du charbon pour aider les familles pauvres à se chauffer en hiver.

« Les mesures visant à priver de soins médicaux et d’autres prestations les enfants soupçonnés d’avoir participé aux manifestations et leurs familles constituent une forme de sanction collective et bafouent le droit de toute personne à la santé et à un niveau de vie suffisant, sans aucune discrimination, a expliqué Andrew Gardner.


« Plutôt que de fouler aux pieds les droits fondamentaux, les autorités turques devraient veiller à s’acquitter de leurs obligations quant au respect et à la protection des droits humains de toute personne se trouvant sur leur territoire lorsqu’elles doivent assurer le maintien de l’ordre dans le cadre de manifestations. »

À cette fin, elles doivent notamment veiller à ce que ce maintien de l’ordre s’effectue dans le respect des normes internationales, notamment relatives à l’utilisation de la force et des armes à feu. Toute personne soupçonnée d’avoir participé à des actes criminels doit faire l’objet de poursuites pénales dans le cadre d’une procédure conforme aux normes internationales d’équité, notamment inscrites dans la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales et dans la Convention relative aux droits de l’enfant.

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