Vassyl Mouravytski fait l’objet de multiples charges : « haute trahison », « menace pour l’intégrité territoriale de l’Ukraine », « appartenance à une organisation terroriste » et « incitation à la haine ». Toutes ces charges sont liées à son travail pour des sites Internet en russe, que le Service de sécurité d’Ukraine (SBU) soupçonne d’être gérés depuis la Russie ou des territoires contrôlés par des séparatistes dans l’est de l’Ukraine.
« Derrière le discours de ferveur patriotique se cache une vérité honteuse : aujourd’hui en Ukraine, un journaliste qui ose critiquer le régime est jugé pour trahison.
Vassyl Mouravytski est un prisonnier d’opinion, détenu uniquement pour avoir exprimé son avis de façon pacifique, et les autorités font de son cas un exemple pour mettre en garde quiconque s’opposerait à la politique gouvernementale dans l’est de l’Ukraine, a déclaré Denis Krivocheïev, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale à Amnesty International.
« Depuis le début du conflit dans l’est de l’Ukraine, les professionnels des médias et les acteurs de la société civile sont harcelés sans relâche par l’État et des groupes paramilitaires, qui tentent de les intimider pour les dissuader de s’exprimer. Nous appelons les autorités ukrainiennes à libérer Vassyl Mouravytski immédiatement et sans condition et à mettre fin aux persécutions dont sont victimes des journalistes, des blogueurs et d’autres dissidents. »
Vassyl Mouravytski a été arrêté le 2 août 2017 à Jytomyr. Son avocat n’a pas reçu à temps la totalité des éléments à charge, y compris la liste complète des articles de presse présumés incriminants. Il n’a donc pas pu préparer une défense solide.
La procédure engagée à l’encontre de Vassyl Mouravytski a aussi été entachée d’autres irrégularités, qui ont notamment pris la forme de manœuvres d’intimidation et de pressions de la part du SBU et de groupes nationalistes. Lors des audiences préliminaires tenues en octobre et novembre, des hommes en tenue de camouflage ont fait irruption dans la salle et proféré des menaces visant le journaliste et son équipe de défense.
En septembre 2017, le SBU a contraint sous la pression un témoin éventuel à faire des déclarations mettant en cause le journaliste. Il a réalisé deux perquisitions au domicile de cet homme et demandé à ses proches de tenter de l’influencer.