Communiqué de presse

Ukraine. Le mouvement de protestation à Kiev montre à quel point la crise que connaît la police est grave

La réaction récente de la population à des allégations de violences policières montre à quel point il est urgent que le gouvernement réponde aux inquiétudes des Ukrainiens, aux yeux desquels la police est devenue une entreprise criminelle, a déclaré Amnesty International samedi 13 juillet.

Vendredi 12 juillet dans la soirée, des centaines d’habitants de Kiev se sont rassemblés dans le but de jeter des pierres sur le poste de police de Svatoshyno. Leur colère avait été déclenchée par les informations selon lesquelles un policier avait donné un coup de poing dans le thorax à une jeune femme qui lui demandait de s’adresser à elle en ukrainien plutôt qu’en russe. Ayant peut-être eu une côte cassée, la jeune femme a été hospitalisée.

Les protestataires ont franchi la clôture du poste de police, avant d’être repoussés.

La foule scandait « Vradiyivka », en référence à un mouvement de protestation ayant éclaté deux semaines auparavant et au cours duquel des habitants avaient assiégé le poste de police de Vradiyivka, dans le sud de l’Ukraine. Ils réagissaient au viol d’une femme de 29 ans qui avait été rouée de coups et laissée pour morte par trois hommes dont deux étaient, selon elle, des policiers de la ville.

« Ces mouvements de protestation montrent que la population ne fait pas confiance en la volonté du gouvernement de s’attaquer aux exactions de la police, a déclaré à Kiev Max Tucker, chargé de campagne d’Amnesty International sur l’Ukraine. Vradiyivka est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.  »

« Les Ukrainiens n’en peuvent plus des exactions et de la corruption dont se rendent coupables de nombreux policiers depuis des années. Si le gouvernement ne met pas immédiatement en place un système indépendant d’enquête sur la criminalité policière, il est à craindre que la population ne se fasse de plus en plus justice elle-même.  »

Les informations faisant état du viol commis par des policiers à Vradiyivka ont tellement ébranlé le pays que le président Viktor Ianoukovitch s’est engagé personnellement à superviser l’enquête et le renvoi de policiers de haut rang.

Amnesty International demande depuis 2011 à l’Ukraine de mettre en place un véritable système d’enquête sur les exactions de la police, et elle n’a cessé depuis lors de recenser de nombreux cas de tortures, d’extorsions de fonds et de violences imputables à des policiers. Ces crimes restent le plus souvent impunis du fait que les magistrats du parquet chargés d’enquêter sur ces affaires se refusent généralement à engager des poursuites contre leurs collègues de la police.

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