Un activiste et des membres d’un mouvement citoyen arrêtés

Les autorités tchadiennes doivent libérer immédiatement et sans condition l’activiste Nadjo Kaina Palmer détenu au secret, et au moins une douzaine de membres d’un mouvement citoyen arrêtés au cours d’une réunion pacifique ce matin dans la capitale N’Djamena, a déclaré Amnesty International aujourd’hui.

Les activistes arrêtés par des policiers et gendarmes ce matin vers 9 h à la Bourse du travail de la capitale répondaient à un appel à manifester de manière pacifique sur la situation politique, économique et sociale lancé le 3 avril dernier par Nadjo Kaina Palmer, porte-parole du mouvement citoyen IYINA (on est fatigué en arabe). Ce dernier a lui-même été arrêté et est détenu au secret depuis le 6 avril. Aucune charge connue n’est pour le moment retenue contre eux.

« Exprimer pacifiquement un point de vue, fut-il critique, sur la situation politique, économique et sociale du pays n’est pas une infraction et ne devrait en aucun cas être considéré comme tel, » a déclaré Balkissa Idé Siddo, chercheur sur l’Afrique centrale à Amnesty International.

« Cette manœuvre des autorités tchadiennes qui consiste à arrêter systématiquement des membres des mouvements citoyens qui veulent jouir de leur droit de manifester pacifiquement prouve une fois de plus que la liberté d’expression est toujours mise à rude épreuve dans le pays. »

Le lieu de détention de Nadjo Kaina Palmer demeure inconnu. Ni les membres de sa famille ni son avocat n’ont eu accès à lui depuis son arrestation.

Son avocat a saisi le parquet aujourd’hui et il lui a été notifié qu’aucune information n’était disponible à son sujet et qu’aucune plainte n’avait été reçue le concernant.

« Nadjo Kaina Palmer et les membres du mouvement IYINA arrêtés sont des prisonniers d’opinion qui doivent être libérés immédiatement et sans condition, » a déclaré Balkissa Idé Siddo.

Nadjo Kaina Palmer répondait à une convocation de l’Agence Nationale de Sécurité du Tchad (ANS) le 6 avril vers 18 h, lorsque celle-ci a procédé à son arrestation.

Au cours d’une conférence de presse le 3 avril dernier, il avait appelé la population tchadienne en général et la jeunesse en particulier à observer « une journée Iyina » ce lundi 10 avril 2017, marquant la date anniversaire de l’élection présidentielle de 2016, en s’habillant en rouge ou en portant un foulard rouge sur la tête afin d’exprimer leur « ras-le-bol au régime en place et dire non à la mauvaise gouvernance, à l’impunité et à l’humiliation ».

Amnesty International demande aux autorités tchadiennes de mettre un terme aux manœuvres d’intimidation et de harcèlement, sous toutes leurs formes, dont sont victimes les activistes et défenseurs des droits humains au Tchad.

Elles doivent veiller, en attendant leur libération, à ce que Nadjo Kaina Palmer et toutes les personnes arrêtées aujourd’hui, ne subissent aucun acte de torture et de mauvais traitements et qu’elles puissent s’entretenir régulièrement avec leurs avocats, recevoir la visite de leurs proches et bénéficier de tous les soins médicaux dont elles pourraient avoir besoin. De plus, les autorités ont l’obligation de communiquer à la famille de Nadjo Kaina Palmer et à son avocat, son lieu de détention.

« Les autorités tchadiennes doivent cesser d’invoquer la sécurité nationale et la stabilité du pays pour justifier des arrestations et détentions arbitraires, mettre fin à l’instrumentalisation de l’ANS et arrêter de bafouer la liberté d’expression et de manifestation garantie par la Constitution tchadienne et le droit international relatif aux droits humains, » a déclaré Balkissa Idé Siddo.

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