Un an après, les Saoudiennes sont toujours en chemin vers plus de liberté

L’année dernière, des dizaines de femmes commençaient prendre la route en Arabie saoudite, au risque d’être arrêtées et sanctionnées, pour protester contre le fait qu’il leur est interdit depuis longtemps de conduire. Un an après, des personnes du monde entier continuent de les encourager dans leur lutte.

À l’approche d’une nouvelle vague de manifestations au volant, prévues le 17 juin, Amnesty International a écrit au roi Abdallah d’Arabie saoudite pour l’exhorter à lever cette interdiction.

Au cours de l’année passée, plus de 20 000 sympathisants de l’organisation dans le monde ont manifesté leur solidarité envers les Saoudiennes qui réclament l’annulation de l’interdiction. Depuis le 17 juin 2011, les femmes détenant un permis de conduire international sont appelées à conduire sur les routes du royaume. Celles qui ont osé le faire ont pris le risque d’être arrêtées et ont été menacées de sanctions très dures.

« Il est tout de même profondément ironique que l’Arabie saoudite, qui fournit de l’essence à des millions de conducteurs à travers le monde, interdise à la moitié de sa propre population de conduire », a déclaré Philip Luther, directeur du programme Moyen Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Le roi Abdallah doit, une bonne fois pour toutes, accorder aux femmes les mêmes droits qu’aux hommes en matière de conduite et faire en sorte que plus jamais les autorités n’arrêtent et ne sanctionnent une femme uniquement parce qu’elle est au volant d’une voiture. »

Supprimer les obstacles qui empêchent les femmes de conduire en Arabie saoudite constituerait une étape essentielle pour venir à bout de la discrimination et des lourdes restrictions qui pèsent sur de nombreux aspects de la vie quotidienne des femmes dans le royaume. Les Saoudiennes doivent obtenir l’autorisation d’un tuteur de sexe masculin pour se marier, voyager, exercer un emploi rémunéré ou suivre des études supérieures. Les violences domestiques contre les femmes seraient monnaie courante.

Organisées en partie par le biais de la campagne en ligne Women2Drive, des manifestations au volant ont eu lieu dans différentes parties du pays depuis juin dernier ; seules les militantes disposant d’un permis de conduire international délivré dans un autre pays étaient appelées à participer. Plusieurs femmes ont été arrêtées et forcées à signer des déclarations par lesquelles elles s’engageaient à ne plus conduire. Certaines ont été poursuivies en justice et l’une d’entre elle a été condamnée en septembre 2011 à 10 coups de fouet – une décision finalement cassée en avril.

Ce n’était pas la première fois que des femmes défiaient l’interdiction discriminatoire de conduire en Arabie saoudite. En 1990, une quarantaine de femmes ont formé un convoi et conduit dans les rues de Riyadh, la capitale, pour protester contre une interdiction relevant du droit coutumier et qui avait persisté jusque-là. Mais au lieu de provoquer un assouplissement de l’interdiction, leur manifestation a eu pour conséquence l’émission, par la plus haute autorité religieuse du pays, d’une fatwa contre les conductrices. À partir de ce moment, le ministère de l’Intérieur a officiellement interdit aux femmes de conduire sur les routes du royaume.

Amnesty International estime qu’accorder aux femmes les mêmes droits qu’aux hommes en matière de conduite irait dans le sens des récentes réformes entreprises par les dirigeants du pays. En septembre 2011, le roi Abdallah a annoncé que les femmes auraient le droit de voter pour les élections locales de 2015 et pourraient être nommées au Conseil consultatif, auquel il accorde son attention.

Depuis, le Conseil consultatif a indiqué qu’il étudierait la question des femmes au volant si elle était posée, ce qui a donné lieu à l’envoi de rapports à la fois pour et contre la levée de l’interdiction.

« Depuis trop longtemps l’Arabie saoudite traite les femmes comme des citoyens de seconde zone dans de très nombreux aspects de la vie de tous les jours et le gouvernement doit répondre à cette tentative pacifique de rendre la situation plus égalitaire par un débat national sérieux qui prenne fait et cause pour l’inclusion et le respect des droits fondamentaux des femmes », a déclaré Philip Luther.

« Dans le monde entier des militants embarquent sur le siège passager et encouragent les Saoudiennes à conduire vers la victoire. »

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