Un journaliste condamné à 10 ans de prison

La déclaration de culpabilité et la condamnation à 10 ans de prison d’un journaliste par un tribunal militaire au Cameroun à l’issue d’un procès inique est une parodie de justice, a déclaré Amnesty International le 24 avril 2017.

Ahmed Abba, correspondant en langue haoussa de Radio France Internationale, a été condamné à 10 ans de prison après avoir été reconnu coupable le 20 avril de « non-dénonciation de terrorisme » et « blanchiment des produits d’actes terroristes ». Il a également été condamné à une amende de 84 000 euros. Il a été acquitté du chef d’« apologie d’actes de terrorisme ».

« La condamnation d’Ahmed Abba, qui a été torturé et jugé de manière inique, illustre très clairement le fait que les tribunaux militaires du Cameroun ne sont pas compétents pour juger des civils et ne doivent pas avoir compétence pour juger ces affaires », a déclaré Ilaria Allegrozzi, chercheuse sur le lac Tchad à Amnesty International.

L’avocat d’Ahmed Abba a fait savoir qu’il a l’intention de faire appel du jugement et de la condamnation. Ahmed Abba a été arrêté le 30 juillet 2015 dans la ville de Maroua, alors qu’il enquêtait sur le conflit avec Boko Haram dans le nord du pays. Détenu au secret pendant trois mois, il a été torturé dans un centre géré par les services secrets nigérians. En outre, il a été privé du droit de comparaître rapidement devant un tribunal.

Son procès s’est ouvert le 29 février 2016 devant un tribunal militaire à Yaoundé. Le 6 avril 2017, le procureur militaire avait requis la peine de mort contre Ahmed Abba. Toutefois, la semaine dernière, il a demandé comme peine maximale la détention à perpétuité.

Amnesty International considère que le procès d’Ahmed Abba a été entaché d’irrégularités : entre autres, des témoins n’ont pas été appelés à témoigner et certains documents clés n’ont pas été transmis aux avocats de la défense.

Depuis 2014, les autorités camerounaises ont arrêté plus de 1 000 personnes soupçonnées de soutenir Boko Haram. Beaucoup sont détenues au secret et torturées dans des centres de détention illégaux gérés par l’armée ou les services secrets.

Lorsqu’elles sont transférées dans des centres de détention officiels, elles sont détenues dans des conditions inhumaines, dans des prisons surpeuplées, et sont en butte à des délais extrêmement longs pour leur procédure judiciaire. Elles peuvent être jugées par un tribunal militaire et condamnées à mort au titre de la législation antiterroriste en vigueur.

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