Un militant condamné pour avoir dénoncé des violations des droits humains

En condamnant un militant de premier plan à huit ans d’emprisonnement, les autorités saoudiennes poursuivent leurs efforts incessants pour réprimer le militantisme indépendant en faveur des droits humains, a déclaré Amnesty International dimanche 29 mai.

Abdulaziz al Shubaily est le seul membre fondateur actif de l’Association saoudienne des droits civils et politiques (ACPRA), une organisation indépendante qui défend les droits humains, à ne pas être emprisonné. Le Tribunal pénal spécial devant lequel il comparaissait vient toutefois de le condamner à huit ans de prison au titre d’une loi antiterroriste répressive. Il était accusé, entre autres, d’avoir « été en contact avec des organisations étrangères » et d’avoir fourni à Amnesty International des informations dont l’organisation s’est servie dans deux rapports. Il a également été condamné à une interdiction de voyager pendant huit ans, période durant laquelle il lui est interdit d’écrire sur les médias sociaux.

« La condamnation d’Abdulaziz al Shubaily est une tentative visant à donner le coup de grâce à l’ACPRA. Cette organisation a été la plus durement touchée par les attaques incessantes des autorités contre la société civile ces dernières années. Après avoir fermé l’ACPRA il y a trois ans, les autorités ont poursuivi ses membres fondateurs et elles les ont emprisonnés l’un après l’autre dans un effort impitoyable ayant pour objectif d’étouffer toute critique du bilan consternant de l’Arabie saoudite en matière de droits humains » a déclaré James Lynch, directeur adjoint d’Amnesty International pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient.

«  Les autorités ont montré une fois de plus qu’elles étaient déterminées à dissimuler la vérité sur la situation épouvantable des droits humains en Arabie saoudite. Elles doivent immédiatement faire en sorte que la condamnation de cet homme soit annulée et elles ne doivent pas le placer en détention. »

Presque tous les membres fondateurs de l’ACPRA purgent de longues peines d’emprisonnement liées à leur action en faveur des droits humains. Abdulaziz al Shubaily était le représentant légal de neuf d’entre eux.

Convoqué aux fins d’interrogatoire en novembre 2013, il a été interrogé à propos de son action en faveur des droits humains au sein de l’ACPRA, de déclarations qu’il avait signées et qui défendaient le droit de manifester pacifiquement, ainsi que de conversations téléphoniques dans lesquelles il avait évoqué des manifestations ayant eu lieu à Buraydah. On lui a dit que les poursuites à son encontre seraient abandonnées s’il s’engageait par écrit à mettre un terme à ses activités militantes.

Il a été inculpé en juillet 2014 d’un certain nombre d’infractions, notamment d’« incitation à troubler l’ordre public […] en appelant à manifester », d’avoir accusé les forces de sécurité d’être responsables de « répression, torture, assassinats et disparitions forcées », d’avoir décrit le système politique saoudien comme étant « un État policier répressif », d’avoir « insulté les autorités judiciaires » et d’avoir travaillé pour une « organisation non autorisée ».

Pendant son procès, lors d’une audience qui s’est déroulée en mars 2015, il a en outre été accusé d’avoir « commis le crime de communiquer avec des organismes étrangers et de leur avoir fourni des informations sur le royaume qui contenaient de nombreuses erreurs ». Ce chef d’inculpation fait référence à deux rapports d’Amnesty International dont le titre n’est pas fourni et qui contiendraient des « informations incorrectes ». L’accusation et le tribunal ont ignoré les demandes répétées d’Abdulaziz al Shubaily qui souhaitait voir les éléments de preuve concernant cette accusation.

« Il est absurde et scandaleux que le fait de communiquer avec une organisation internationale de défense des droits humains soit considéré comme une infraction pénale “terroriste”, a affirmé James Lynch. Abdulaziz al Shubaily est manifestement sanctionné pour avoir dénoncé avec courage les violations généralisées des droits humains en Arabie saoudite. »

Cet homme a refusé de reconnaître la compétence du Tribunal pénal spécial qui l’a jugé et condamné. Il a fait valoir que le Bureau des enquêtes et des poursuites, qui l’a inculpé, dépend du ministère de l’Intérieur, qui contrôle également le Tribunal pénal spécial. Par le passé, Abdulaziz al Shubaily et l’ACPRA avaient accusé le ministère de l’Intérieur de violations flagrantes et systématiques des droits humains, notamment d’actes de torture et de disparitions forcées.

«  Le silence persistant de la communauté internationale face à la persécution constante des défenseurs des droits humains en Arabie saoudite ces dernières années est honteux, a déclaré James Lynch.

«  Les alliés de l’Arabie saoudite doivent faire pression sur les autorités pour qu’elles mettent un terme à la répression menée d’une main de fer contre la société civile sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme. IIs doivent également dénoncer publiquement l’incarcération et la persécution des défenseurs des droits humains. »

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